À partir de l’histoire de jumeaux siamois, Saintine propose une sorte d’apologie de l’abstentionnisme. Cette nouvelle est tirée du recueil Contes de toutes les couleurs (1861).
Le début : « Vous prétendez, monsieur, qu’une conviction politique est indispensable à tout homme bien conformé qui veut mériter le titre de bon citoyen. Pardon ; j’admets la nécessité des convictions morales ; pour la politique pas plus que pour la littérature je n’en reconnais l’indispensabilité. Depuis que je crois avoir l’âge de raison, j’ai vu défiler devant moi les libéraux, les bonapartistes, les monarchistes purs, les républicains, les doctrinaires, les parlementaires ; de même les classiques et les romantiques ; en ce moment je regarde passer les fantaisistes et les réalistes. De l’un et de l’autre côté, parmi les poètes, les artistes, comme parmi les hommes aux grandes théories gouvernementales, j’ai, compté, je compte d’excellents camarades, et même de bons amis, sans m’être jamais enrôlé sous leur bannière ou sous leur drapeau. Chez les uns et chez les autres, comme dans tout ce qui passionne l’humanité, j’ai vu certain mélange de bien et de mal, des idées raisonnables conduisant à des actes excessifs, quelque chose d’incertain, de movible, de transitoire ; je me suis abstenu ; je ne m’en repens pas, j’ai conservé mes amis. »
Ajoutez un commentaire !
C'est la meilleure manière de remercier les donneurs de voix.