« Notre époque a pour mission propre, pour vocation, la constitution d’une civilisation fondée sur la spiritualité du travail. Les pensées qui se rapportent au pressentiment de cette vocation, et qui sont éparses chez Rousseau, George Sand, Tolstoï, Proudhon, Marx, dans les encycliques des papes, et ailleurs, sont les seules pensées originales de notre temps, les seules que nous n’ayons pas empruntées aux grecs. C’est parce que nous n’avons pas été à la hauteur de cette grande chose qui était en train d’être enfantée en nous que nous nous sommes jetés dans l’abîme des systèmes totalitaires. Mais, si l’Allemagne est vaincue, peut-être que notre faillite n’est pas définitive. Peut-être avons-nous encore une occasion. On ne peut pas y penser sans angoisse ; si nous l’avons, médiocres comme nous sommes, comment ferons-nous pour ne pas la manquer ?
Cette vocation est la seule chose assez grande pour la proposer aux peuples au lieu de l’idole totalitaire. Si on ne la propose pas de manière à en faire sentir la grandeur, ils resteront sous l’emprise de l’idole ; elle sera seulement peinte en rouge au lieu de brun. »
Simone Weil (1909-1943), L’Enracinement, ou Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain (extrait tiré de la p. 161, éditions Champs-Flammarion, 1943).
Cher Ludovic. Merci beaucoup pour la lecture de L’Enracinement et pour tous les autres textes de Simone Weil que vous avez enregistrés! Sa pensée est si précieuse. Votre voix et votre manière de lire sont très agréables. Je suis profondement reconnaissant!
Bonjour Elb-Mohamed
la fin du texte peut varier selon les éditeurs, le texte est resté inachevé par Simone Weil. J’ai enregistré, mais sans la diffuser encore, la lecture de certaines variantes et pages annexes en fin de l’édition Flammarion, la plus complète semble-t-il. Sur quoi vous basez-vous pour dire que j’ai omis les 5 dernières pages? Vos précisions me seraient utiles. Merci
Vous avez omis les 5 dernières pages.
Merci pour la lecture.