L’article Livres du Dictionnaire philosophique de Voltaire comprend trois sections.
La première est riche de considérations historiques, telles :
« Avant l’admirable invention de l’imprimerie, les livres étaient plus rares et plus chers que les pierres précieuses. Presque point de livres chez nos nations barbares jusqu’à Charlemagne, et depuis lui jusqu’au roi de France Charles V, dit le Sage ; et depuis ce Charles jusqu’à François Ier c’est une disette extrême.
Les Arabes seuls en eurent depuis le VIIIe siècle de notre ère jusqu’au XIIIe.
La Chine en était pleine quand nous ne savions ni lire ni écrire. »
Mais les deux autres prennent une direction plus « voltairienne ».
Croirait-on qu’un jour le docteur Tamponet dit à plusieurs docteurs : « Je me ferais fort de trouver une foule d’hérésies dans le Pater noster, si on ne savait pas de quelle bouche divine sortit cette prière, et si c’était un jésuite qui l’imprimât pour la première fois.
Voici comme je m’y prendrais :
Notre père qui êtes aux cieux. Proposition sentant l’hérésie, puisque Dieu est partout. On peut même trouver dans cet énoncé un levain de socinianisme, puisqu’il n’y est rien dit de la Trinité. » (Section II : Le docteur Tamponet est un pseudonyme de Voltaire !)
« Étant évident par l’expérience que si la Bible traduite en langue vulgaire était permise indifféremment à tout le monde, la témérité des hommes serait cause qu’il en arriverait plus de mal que de bien, nous voulons que l’on s’en rapporte au jugement de l’évêque ou de l’inquisiteur, qui, sur l’avis du curé ou du confesseur, pourront accorder la permission de lire la Bible, traduite par des auteurs catholiques en langue vulgaire, à ceux à qui ils jugeront que cette lecture n’apportera aucun dommage. » (Section III)
Charles Emmanuel Biset, Nature morte avec des livres, une lettre et une tulipe (2e moitié XVIIe)
Bonjour Leconte de Paris,
Cette lecture est issue de l’édition de 1879 du Dictionnaire philosophique (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113355/f3.image) dans les Oeuvres complètes de Voltaire, chez Garnier frères.
L’article Livre se trouve à la page 592 (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113355/f595.image).
D’après la présentation de Wikisource (https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique) :
« Recueil philosophique, publié sous le titre Dictionnaire philosophique portatif, contenant 73 articles à l’origine puis continuellement augmenté lors de ses éd. successives en 1764, 1765, 1767 et 1769. – Éd. définitive en 1769 sous le titre La raison par l’alphabet. – Regroupé avec Questions sur l’Encyclopédie, qui en est un supplément, dans l’éd. posthume des Œuvres de Voltaire de 1785 (édition dite « de Kehl ») sous le titre Dictionnaire philosophique ».
Votre exemplaire correspond peut-être à la toute première édition du Dictionnaire, intitulée Dictionnaire philosophique portatif ?
Bonne journée,
Ch.
Alléché par cette excellente narration, je m’étais promis de lire cet article de Voltaire. Or, j’ai son “Dictionnaire philosophique” sous les yeux (édité par Garnier-Flammarion, donc en texte intégral) et je ne vois rien ! A l’index, pour la lettre “L”, nous avons:
– Lettres, gens de lettres ou lettrés
– Liberté (De la)
– Lois (Des)
– Lois civiles et ecclésiastiques
– Luxe
Mais de “Livres”, point !
Pardonnez donc mon outrecuidance, mais y aurait-il une erreur dans la référence de l’oeuvre ?
Quoi qu’il en soit, encore bravo pour votre remarquable travail à toutes et tous.
Bonjour cher René,
Je vous souhaite un agréable dimanche et un début de semaine pleine de santé et volonté.
Bien cordialement ,
Ahmed