Le Dîner du Comte de Boulainvilliers (1767) parut sans frontispice ni nom d’auteur. Voltaire fut vite soupçonné d’en être l’auteur, le désavoua et, effrayé, l’attribua à un certain St-Hiacinte. L’impiété et l’anticatholicisme devaient froisser beaucoup de croyants ; la religion, le pape, Jésus, les rites sont malmenés dans ce dîner où un abbé subit les assauts de trois contradicteurs et s’avoue à la fin vaincu.
Un exemple entre autres : « Oseriez-vous nier votre idolâtrie, vous qui adorez du culte de dulie dans mille églises le lait de la Vierge, le prépuce et le nombril de son fils, les épines dont vous dites qu’on lui fit une couronne, le bois pourri sur lequel vous prétendez que l’être éternel est mort ? vous enfin qui adorez d’un culte de latrie un morceau de pâte que vous enfermez dans une boîte, de peur des souris ? Vos catholiques romains ont poussé leur catholique extravagance jusqu’à dire qu’ils changent ce morceau de pâte en Dieu par la vertu de quelques mots latins, et que toutes les miettes de cette pâte deviennent autant de dieux créateurs de l’univers. Un gueux qu’on aura fait prêtre, un moine sortant des bras d’une prostituée, vient pour douze sous, revêtu d’un habit de comédien, me marmotter en une langue étrangère ce que vous appelez une messe, fendre l’air en quatre avec trois doigts, se courber, se redresser … etc. »
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Atelier de Nicolas de Largillière, Portrait de Voltaire (1728).
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