« Le Douteur. – Vous pensez donc qu’on a corrompu la religion simple et naturelle de Jésus, qui était apparemment celle de tous les sages de l’antiquité ?
L’Adorateur. – Rien ne paraît plus évident. Il fallait bien qu’au fond il fût un sage, puisqu’il déclamait contre les prêtres imposteurs, et contre les superstitions ; mais on lui impute des choses qu’un sage n’a pu ni faire ni dire. […] Un sage ne peut changer l’eau en vin en faveur de gens déjà ivres. Un sage ne peut envoyer des diables dans le corps de deux mille cochons dans un pays où il n’y a point de cochons. […] Un sage, quand il dit que Dieu est son père, entend sans doute que Dieu est le père de tous les hommes : le sens dans lequel on a voulu l’entendre est impie et blasphématoire.
Si vous croyez à un Évangile, vous êtes obligé de renoncer à tous les autres. Voilà une plaisante marque de vérité qu’une contradiction perpétuelle ; voilà une plaisante sagesse que des folies qui se combattent.
Si on a fait dire à Jésus que son royaume n’est pas de ce monde, ceux qui prétendent être les successeurs de ses premiers disciples ont été, autant qu’ils l’ont pu, les tyrans du monde, et ont marché sur la tête des rois. Si Jésus à vécu pauvre, ses étranges successeurs ont ravi nos biens et le prix de nos sueurs. »
L’astuce de Voltaire est de prêter à l ‘Adorateur ces idées qu’on attendrait plutôt dans les propos du Douteur
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Ahmede
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