Médecin et archéologue breton, Victor Segalen est également grand connaisseur de la Chine, où il a effectué plusieurs voyages entre 1907 et 1919. Il conçoit le projet de ce recueil dès 1909 et le rédige lors de son premier voyage en Chine.
Le titre du recueil fait référence aux stèles chinoises, ces pierres gravées de textes officiels, religieux ou philosophiques. Segalen en a observé dans des temples, des tombeaux et des palais impériaux. Son travail d’archéologue et son immersion dans la culture chinoise ont nourri son écriture, donnant à ses poèmes une forme proche des inscriptions lapidaires qu’il admirait. On trouve d’ailleurs entre les versets de petits cercles identiques à ceux que l’on trouve sur les stèles chinoises.
Le recueil, précédé d’une préface, est organisé en six sections liées aux points cardinaux. Cette structure symbolise une quête d’orientation, tant géographique que spirituelle et poétique. Les stèles représentent des jalons d’un voyage, autant physique qu’introspectif.
Stèles face au Midi : stèles portant les décrets, l’hommage du Souverain à un Sage, l’éloge d’une doctrine, un hymne de règne, une confession de l’Empereur à son peuple…(Sans marque de règne, Les Trois Hymnes Primitifs, Sur un hôte douteux, Éloge d’une vierge occidentale, Religion Lumineuse, En l’honneur d’un Sage solitaire, Les Gens de Mani, Vision pieuse, Aux Dix-mille années, Ordre de marche, Nominations, Départ, Hommage à la Raison, Édit funéraire, Décret).
Stèles face au Nord : stèles amicales (Empreinte, Miroirs, Jade faux, Des lointains, À celui-là, Trahison fidèle, Sans méprise, Vampire)
Stèles orientées : stèles amoureuses (Les Cinq Relations, Pour lui complaire, Visage dans les yeux, On me dit, Mon amante a les vertus de l’eau, Pierre musicale, Supplique, Soeur équivoque, Stèle provisoire, Éloge de la jeune fille, Stèle au désir, Par respect)
Stèles occidentées : stèles héroïques et guerrières (Libation mongole, Écrit avec du sang, Du bout du sabre, Hymne au dragon couché, Serment sauvage, Courtoisie, Ordre au soleil).
Stèles du bord du chemin : stèles sans thème prédéfini, qui « suivront le geste indifférent de la route » (Conseils au bon voyageur, Tempête solide, Éloge du Jade, Table de Sagesse, Terre jaune, La Passe, Stèle des pleurs, Les Mauvais Artisans, Stèle du chemin de l’âme)
Stèles du milieu : stèles portant « les décrets d’un autre empire, et singulier » (Perdre le Midi quotidien, À l’envers, Joyau mémorial, Au Démon secret, Libération, Juges souterrains, Retombées, Prince des joies défendues, Éloge et pouvoir de l’absence, Moment, Cité violette interdite, Char emporté, Nom caché)
C’est une manière pour Segalen d’inscrire son œuvre dans une logique de déplacement, de découverte et de méditation sur l’altérité.
La diction est trop scolaire… J’ai l’impression d’entendre une élève de troisième qui récite sagement sa leçon.