L’île de Man, en un lointain Moyen-Âge.
Dans la clôture d’un monastère en ruine, retranchés à l’abri du pouvoir temporel, deux tourtereaux ont fui les ardeurs jalouses du monarque qui les assiège. Mais ne poussent là que plantes vénéneuses, ne coulent que ruisseaux empoisonnés, et déjà, derrière leur lyrisme énamouré, faim et soif commencent à poindre. Mangeront-ils ?
Hugo, exilé à Guernesey, imagine un double de son île, surgi d’un passé de légende. Proscrit, il confie les clés de l’action à deux figures de proscrits : Zineb, sorcière au terme de sa vie, Aïrolo, voleur au grand cœur – tous deux éloquents philosophes.
Interdit des théâtres par la censure, il invente un Théâtre en Liberté où il s’autorise toutes les audaces, pour le fond (satire des puissants, engagement social et politique mêlés de méditations métaphysiques) comme dans la forme (quelques touches de merveilleux, intrigue échevelée, alexandrin au rythme vagabond).
S’essayant à la comédie, l’initiateur du drame romantique joue la carte de la fantaisie, de la bonne humeur, de l’auto-parodie peut-être, et sacrifie au dénouement heureux.
L’influence du modèle shakespearien transparaît mais Hugo, plus disert que le grand Will dans ses didascalies, nous offre, lui, tout à voir d’une représentation réelle.
La pièce ne sera publiée, avec l’ensemble du Théâtre en Liberté, qu’en 1886 et attendra 1907 pour ses débuts à la scène.
Victor Hugo, Chat-huant dans les ruines de Vianden (1865).
Claude Debussy, Danse profane, interprété par l’ensemble United States Marine Chamber Orchestra (domaine public).
Pérotin, Quid tu vides, interprété par Tetraktys (domaine public).
Pérotin, Sederunt principes (domaine public).
Dies irae, chant grégorien, interprété par Membeth (domaine public).
Denis Chardonnet, Vagues et sternes (effet sonore, domaine public).
Ajoutez un commentaire !
C'est la meilleure manière de remercier les donneurs de voix.