De son voyage, en 1845, au-delà des Pyrénées, Théophile Gautier a rapporté un carnet très riche d’impressions.
Malaga, le cirque et le théâtre a quatre centres d’intérêt :
1. La description minutieuse d’un périple en Andalousie de Grenade à Malaga
« Un voyage en Espagne est encore une entreprise périlleuse et romanesque ; il faut payer de sa personne, avoir du courage, de la patience et de la force ; l’on risque sa peau à chaque pas ; sans compter les privations de tous genres, l’absence des choses les plus indispensables à la vie, le danger de routes vraiment impraticables pour tout autre que des muletiers andalous, une chaleur infernale, un soleil â fendre le crâne, vous avez les factieux, les voleurs et les hôteliers, gens de sac et de corde dont la probité se règle sur le nombre de carabines que vous portez avec vous. »
2. L’assistance à une corrida dans les arènes de Malaga :
« Montés (un célèbre torero), au lieu de s’avancer comme d’habitude au milieu de l’arène, se posa à une vingtaine de pas de la barrière pour avoir un refuge en cas de malheur ; il était fort pâle, et, sans se livrer à aucune de ces gentillesses, coquetteries du courage qui lui ont valu l’admiration de l’Espagne, il déploya la muleta écarlate et appela le taureau, qui ne se fit pas prier pour venir. »
3. Une soirée au théâtre très « espagnole ».
4. Des réflexions profondes sur la littérature espagnole, ancienne et contemporaine.
La fin est la constatation du poète désabusé :
« Il ne faut donc pas trop blâmer la foule qui, en attendant, envahit le cirque et va chercher les émotions où elles se trouvent ; après tout, ce n’est pas la faute du peuple si les théâtres ne sont pas plus attrayans ; tant pis pour nous, poètes, si nous nous laissons vaincre par les gladiateurs. En somme, il est plus sain pour l’esprit et le cœur de voir un homme de courage tuer une bête féroce en face du ciel que d’entendre un histrion sans talent chanter un vaudeville obscène, ou débiter de la littérature frelatée devant une rampe fumeuse. »
Photographie de Michal Osmenda, Place de Toros de Ronda (2012).
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Je viens de découvrir ce site. Bravo Monsieur René Depasse pour votre interprétation de ce texte que je ne connaissais pas. Vous mettez dans votre lecture beaucoup d’intonation ce qui permet de prendre un grand plaisir à vous écouter. Cette expérience d’une “lecture” audio ne peut qu’en appeler d’autres… Avec tous mes compliments et mes remerciements