Les Jeunes-France commencent par une Préface pleine de verve et d’humour, sorte de biographie de Gautier à 20 ans, avant et après l’écriture de son ouvrage. Celui-ci se compose de Sous la table, Onuphrius, Daniel Jovard, Celle-ci et celle-là, Élias Wildmanstadius et Le Bol de punch, tous publiés sauf le dernier, très prochainement.
Quelques extraits de la Préface donnent le ton…
Avant :
« Je vous ai promis de vous conter mon histoire ; ce sera bientôt fait. J’ai été nourri par ma mère, et sevré à quinze mois ; puis j’ai eu un accessit de je ne sais quoi en rhétorique : voilà les événements les plus marquants de ma vie.
Je déteste la campagne : toujours des arbres, de la terre, du gazon ! Qu’est-ce que cela me fait ? C’est très-pittoresque, d’accord, mais c’est ennuyeux à crever.
Je n’ai jamais tué de sergent de ville, je n’ai jamais eu affaire aux gendarmes et aux gardes municipaux, je n’ai pas été à Sainte-Pélagie, je ne me suis jamais suicidé par désespoir d’amour ou tout autre raison, je n’ai signé aucune protestation, je n’ai eu ni duels ni maîtresses.
Je suis le personnage du monde le plus uni et le moins remarquable ; je n’ai rien d’artiste dans mon galbe, rien d’artiste dans ma mise : il est impossible d’être plus bourgeois que je ne le suis. »
Après :
« Lecteur, vous me savez maintenant sur le bout du doigt. Voilà ce que je suis, ou plutôt ce que j’étais il y a trois mois, car je suis fort changé depuis quelque temps. Je veux être le personnage cumulatif de toutes les variétés de don Juan, comme Bonaparte l’a été de tous les conquérants. Que je sois damné si, dans six mois, je ne suis pas le fat le plus intolérable qu’il y ait d’ici à bien loin. »
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