Un jeune garçon de 12 ans, Edgar, sensible, passionné, intelligent observe l’attitude des adultes, de cet homme inconnu qui fait sa connaissance, si amicale, pour mieux s’approcher de sa mère.
Magnifique texte sur l’adolescence, texte qui aborde aussi la personnalité d’un séducteur et celle d’une femme flattée de plaire, des personnages que l’on n’oublie pas. Talent superbe de Zweig, du traducteur, un regard psychologique de grande finesse.
Rencontrons maintenant Edgar… Extraits :
« La figure assombrie du baron s’était tout à coup éclairée ; dans leur vie souterraine les nerfs se mirent à l’animer, firent disparaître les plis, tonifièrent les muscles, si bien que sa taille se redressa et que la lumière brilla dans ses yeux. Il n’était pas lui-même sans ressembler à ces femmes qui ont besoin de la présence d’un homme pour tirer de leur être tout leur pouvoir. Il lui fallait un excitant sensuel pour déployer toute la puissance de son énergie. Le chasseur flaira une proie. D’un air provocant son œil chercha à rencontrer le regard de la femme, ce regard qui, parfois, croisait le sien dans un coup d’œil luisant et indécis, mais qui ne lui donnait jamais une réponse claire. Autour de la bouche, il croyait découvrir par instants comme la détente d’un sourire qui commence, mais tout cela était incertain et c’est cette incertitude qui l’excitait. La seule chose qui lui parût prometteuse était cette façon continuelle dont la femme dirigeait son regard à côté de lui, parce que c’était à la fois de la résistance et de la gêne – et aussi la nature étudiée de la conversation qu’elle avait avec l’enfant, conversation qui sans nul doute était destinée à être entendue. »
« – Que vous ai-je fait, pour que vous ne fassiez plus attention à moi ? Pourquoi, à présent, êtes-vous toujours comme un étranger avec moi ? Et Maman aussi ? Pourquoi voulez-vous toujours m’écarter ? Est-ce que je vous gêne ou bien me suis-je mal conduit ? Le baron tressaillit. »
« – Que dis-tu ? demanda sa mère. – Rien, fit-il entre ses dents. Lui aussi avait maintenant son secret ; c’était la haine, une haine infinie contre eux deux. »
Photographie de Stefan Zweig dans le Correio da Manhã.
Lecture admirable, respectueuse du rythme du récit, diction juste et sobre d’un texte à la limite du tragique. Du grand art. Merci.
Benhaimouda, bonsoir, 😀, et grand grand merci de votre message si gentil, de vos compliments, je suis infiniment touchée, merci 😊🙏. Cette nouvelle de ZWEIG est magnifique, tout à fait. Je suis ravie de l’avoir lue à votre convenance . Je vous souhaite une agréable soirée, encore merci de m’encourager à poursuivre ici, vous êtes très aimable, très amicalement, Christiane.