« Parmi les plus belles pensées de Platon sont celles qu’il a trouvées par la méditation des mythes. Qui sait si de nos mythes aussi il n’y aurait pas des idées à tirer ? Choisissons-en un presque au hasard parmi les contes de Grimm, et prenons-le comme objet, en ayant soin de dire, comme Socrate : je dirai comme vrai tout ce que je vais dire.
Un roi tenait cachés dans la forêt ses six fils et sa fille, craignant pour eux la haine de leur belle mère, qui était magicienne. […] »
À l’extrême fin de sa vie, Simone Weil a sans doute dû s’identifier à l’héroïne de ce conte. « Silence de la petite fille dans Grimm qui sauve les sept cygnes ses frères. Silence du juste d’Isaïe. […] Silence du Christ. Une sorte de convention divine, un pacte d’amour de Dieu avec lui-même, condamne ici-bas la vérité au silence. » (Carnet de Londres, 1942)
Quand elle rédige sa méditation sur le conte des Six Cygnes (ou sept, peu importe) de Grimm, elle a 16 ans et suit la classe d’Alain, dont on sent l’influence ici. Mais le lecteur aperçoit la cohérence, l’unité et la liberté de sa pensée de 1925 jusqu’à sa mort en 1943.
On trouvera d’autres contes de Grimm sur cette page et un mythe rapporté par Platon ici.
Merci.
Ce texte est magnifique et j’aime beaucoup votre lecture.