Hildegarde recevant l’inspiration divine, manuscrit médiéval

Scivias Domini (Livre III, Visions 1-12)

À l’âge de 43 ans, Hildegarde, abbesse rhénane, commence la rédaction de ses visions, qui seront réunies en trois recueils. Vigoureusement soutenue par Bernard de Clairvaux – grande figure du courant Cistercien – et par le pape Eugène III, elle devint une célébrité universellement reconnue, consultée avec déférence par les plus hauts dignitaires, qu’elle n’hésitait pas à fustiger à l’occasion. Elle fut, à la fin de sa vie, invitée à prêcher en chaire (cas unique pour une femme).

Son œuvre écrite, considérable pour l’époque (environ 2000 pages), est surprenante par sa diversité : outre les trois recueils concernant ses visions et son abondante correspondance, elle laissa une somme encyclopédique de savoirs sur, entre autres, les vertus curatives des plantes et l’équilibre alimentaire. Ses talents de musicienne et de compositrice contribuèrent également à sa renommée actuelle (surtout en Allemagne et aux États-Unis). Elle fut canonisée et proclamée docteur de l’Église en 2012.

Le premier des trois recueils de visions, intitulé Scivias Domini, est lui-même subdivisé en trois « livres ». Le troisième commence par un cycle de douze textes décrivant, étape par étape, la Jérusalem Céleste.

En publiant ses premières œuvres, elle osait s’aventurer sur un terrain dangereux, dans un monde ébranlé par l’échec de la 2ème croisade, les dérives de certains pans de l’Église, la violence des réactions contre les hérésies naissantes. « Infirme, inculte, tremblante », selon ses dires, elle s’exprime, en tant que femme, « sur injonction divine » et dans une conformité absolue aux dogmes liturgiques. Mais au delà de ce fond d’ostensible soumission et de constantes justifications, elle « creusa quelques trous dans le plafond de verre médiéval » (selon les termes de la réalisatrice du film Visions, qui lui est consacré) : il sourd de ces textes un désir d’expression, une puissance poétique, une « viridité » (génial néologisme qui sous-tend toute son œuvre) qu’elle portait en gestation, et qui devait, à la toute fin de ce XIIème siècle, propulser la croisée d’ogive au ciel des cathédrales.

Traduction : Pierre Lachèze (1863).

Consulter la version texte de ce livre audio.
Télécharger ce livre audio par archive Zip :
Références musicales :

Hildegarde de Bingen, O virtus sapientiae, interprété par Karen Clark, de l’ensemble Vajra Voices (avec l’aimable autorisation de l’artiste).

Licence d'utilisation : Réutilisation du livre audio soumise à autorisation préalable.
Livre audio gratuit ajouté le 09/08/2015.

6 Commentaires

Ajoutez le vôtre ! C'est la meilleure manière de remercier les donneurs de voix.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Ping : Hildegarde de Bingen — Wikipédia – Xqicp
  2. Grand merci à vous, Veski, pour cette très belle lecture et pour toutes les références du 31 oct.

    C’est très apprécié !

  3. Maïtre Eckhart ? Fichtre, effectivement, ils auraient pu se croiser ! Je me disais aussi que Hildegarde avait dû inspirer, elle aussi, C-G. Jung ! Après cela, il faudrait continuer sur Marguerite Porète… En tout cas, grand merci Ahikar et Daniel.

    J’en profite pour mentionner quelques pistes, pour aller plus loin :

    Pour faciliter la “visite” :
    Le traducteur a établi un
    “plan”
    , d’après ce qu’il a perçu des indications de Hildegarde (ce document ne figure pas dans l’exemplaire de la BnF, mais dans celui de la bibliothèque de Lyon) :

    Comparer avec la 15ème image du Manuscrit de Rupertsberg (1165-1180 : en fait il s’agit d’un facsimile considéré comme fidèle, l’original ayant disparu en 1945.

    et avec l’ image extraite de la copie (1180 – 1230), conservée à Heidelberg (le manuscrit complet est mis en ligne).

    (NB : P. Lachèze a suivi l’usage du moyen-âge, qui orientait les cartes et les plans de manière “solaire” : le Sud (bénéfique) vers le haut de la page (et donc l’Est, spirituel, à gauche).

    Quelques autres ressources d’accès facile sur Internet :
    Une autre traduction du Scivias (de Rodolphe Chamonal (1866-1919) :
    livre I et livre II (je n’ai pas trouvé trace du Livre III). Elle présente l’intérêt d’être intégrale (P. Lachèze, lui, sabre dans les “justifications” !)

    Pour resituer Hildegarde en son temps, le film “Vision” de Margarethe von Trotta (V.O. soutitré)
    (N.B. le passage musical 1:13:10 – 1:15:10 illustre le “drame lyrique” (où l’on voit un Volmar très “diabolique” !) qui correspond à la Vision 13 du Livre III (cf. P. Lachèze p. 186 et s.)
    Voir aussi la très intéressante interview de la réalisatrice (en Anglais.

    Sur son oeuvre musicale (nombreuses vidéos, et commentaires très techniques), le site de la Hildegard Society

    Des extraits d’oeuvres en ligne : le livre de Sylvain Gougenheim : “La Sibylle du Rhin, Hildegarde de Bingen, abbesse et prphétesse rhénane” (publications de la Sorbonne) :

    Et sur le “Physica” (Livre des subtilités des créatures divines”) :

    … et d’autres pages de ce livre.

  4. Bonsoir cher Ahikar ,

    Merci pour cette information précieuse …de connaître le spécialiste du Maître Eckhart .
    Amitiés ,
    Ahmed

  5. Après un week-end passé en compagnie de Maître Eckhart et Wolfgang Wackernagel, j’ai refermé cette parenthèse rhénane en écoutant votre très belle lecture.

    Un grand merci.

    Amitiés, 🙂

    Ahikar

Lu par VeskiVoir plus

Les plus aimés ❤️ (sélection)Voir plus

×