« D’un fruit qu’on laisse pourrir à terre, il peut encore sortir un nouvel arbre. De cet arbre, des fruits nouveaux par centaines. Mais si le poème est un fruit, le poète n’est pas un arbre. Il vous demande de prendre ses paroles et de les manger sur-le-champ. Car il ne peut, à lui tout seul, produire son fruit. Il faut être deux pour faire un poème. Celui qui parle est le père, celui qui écoute est la mère, le poème est leur enfant. Le poème qui n’est pas écouté est une semence perdue. Ou encore : celui qui parle est la mère, le poème est l’œuf et celui qui écoute est fécondateur de l’œuf. Le poème qui n’est pas écouté devient un œuf pourri. »
René Daumal (1908-1944) fonda la revue Le Grand Jeu. En marge du surréalisme et de la pataphysique, son œuvre développe une voix très singulière et un certain goût de l’ésotérisme, comme en témoigne son roman Le Mont analogue. Les deux poèmes en prose Les Dernières Paroles du poète et La Guerre sainte sont sans doute ses textes les plus célèbres.
Consulter les versions texte de ce livre audio : Les Dernières Paroles du poète ; La Guerre sainte.
Mikalojus Konstantinas Čiurlionis, La Vérité (1905).
“la paix des vendus…” “Aux armes !” De nombreuses résonances avec notre temps… Merci Cyprien.
Merci à vous, Déniel. Il se trouve, cependant, que l’oeuvre de Maurice Carême n’appartient pas encore au domaine public. Ce denier étant mort en 1978, il faudra attendre… 2049 avant de pouvoir l’enregistrer sans avoir à demander l’autorisation à ses ayants droit. 🙂
Cyprien, je vais oser vous demander avec les belles intonations que vous donnez aux textes que vous nous faites partager, s’il est possible que vous nous contiez les poèmes de Maurice Carême.Ce serait divin pour moi.
Quand au choix, ils sont tous sublimes et je fais confiance à votre sélection personnelle.
Merci Jean-Pierre. Je trouve aussi ces deux textes superbes.
C’est très beau.