Ce conte de fées dénonce certains aspects de la société du début du XXe siècle où la technologie et le modernisme prennent, aux yeux de l’auteur, une importance exagérée. Paru en 1920, il résonne étonnement cent ans après…
« – On ne peut se déclarer grand clerc, dit Loys, que lorsqu’on a parcouru les diverses parties du monde.
– Oui, dit Gillonne, tant que celles-ci restent différentes de la vôtre. Mais dans l’important groupe de royaumes dont je vous ai parlé, et qui tient la tête des nations par les progrès de toutes sortes, notamment par celui de la locomotion, qui est prodigieuse, chacun passe sa vie à se déplacer d’une capitale à une autre, et dans chacune de ces capitales, on ne trouve rien qui ne ressemble exactement à ce qu’on connaît dans la ville qu’on vient de quitter. C’est logique, puisque chaque citoyen étant, pour ainsi dire, dans chacun des royaumes à la fois, y apporte ses goûts, son langage, sa religion et son habit ; tout se ressemble.
– Alors, dit le conseiller, en somme, ce grand effort et ce perfectionnement admirables qui aboutissent, je le vois, à s’enrichir, et à s’enrichir pour se pouvoir transporter, a pour dernière fin de se transporter dans des lieux qui sont les mêmes que ceux que vous venez de quitter ?
– Ils sont les mêmes. »
Il existe sur notre site un autre enregistrement de ce même texte, effectué par un donneur de voix différent. Voir aussi : Version 1.
George Barbier, illustration pour Le Carosse aux deux lézards verts (La Guirlande, 1920)
Je vous en prie, Juliette !
Merci pour ce charmant conte d’une profondeur et d’une justesse inattendue sur le sens de la Vie..
Magnifique découverte et toujours un énorme plaisir d’écouter votre voix.
Mais oui, Marjolaine, interprétez selon votre ressenti, soyez heureuse !
Quel charme a ce roman ! L’auteur parvient si bien au but qu’il s’est donné au début de l’ouvrage! Cet homme est si fin que je n’ai pas compris la morale de l’histoire. J’espère d’ailleurs qu’elle n’est pas claire, qu’elle révèle plutôt le mystère du désir humain. Merci pour votre lecture !
Oui, pierre, sauf “l’originalité est condamnée à se cacher” !
Voyez comme nous ne nous cachons pas, vous et moi !
c’est assez incroyable,il avait tout compris,tout prévu.
et plus le monde s’uniformise,plus on parle de diversité
tout le monde parle anglais,s’habille de la même façon,pense de la même façon,construit de la même façon,l’originalité est condamnée à se cacher
déja à la même époque bonnard avait vu dans son voyage comment se cachait derrière des apparences d’authenticité la profonde américanisation de la société chinoise