Nous retrouvons dans ces cinq poèmes en prose symbolistes de Rémy de Gourmont (1858-1915) la délicatesse et la sensualité de Le Pèlerin du silence et de Le Dit des arbres. Mais pas de trace d’humour comme dans Le Devoir.
« Pense, disait le poète, pense au pâle abandon… » (Prose pour un poète)
« Là ! mon cher, chuchotait la voix du lointain, te l’avais-je dit ? D’or, de marbre, de chair, je m’évanouis à l’épreuve d’un contact. Je suis l’Intouchable, c’est-à-dire la Femme. » (Vision)
« Doucement, avec des précautions insidieuses, le ciel s’avive ; la ligne du dôme animée d’un peu de violet, le sein, pivoine qui va s’ouvrir, éclate soudain en halo de pourpre ; tout le corps de l’idole saigne sous les griffes du lion, et la crinière surgit, les naseaux étincellent, les yeux fulgurent. » (La Neige)
« Ah ! lance métaphorique du soldat romain qui tous les jours transperces
Jésus, et toi, épée mortuaire, n’êtes-vous pas du même fer ? » (L’Opérateur de mort)
« Jadis, au temps des Antoine et des Paphnuce, la Thébaïde l’eût tenté, avec ses cavernes et ses arènes muettes. Presque seul, vraiment seul, dans le désarroi des deuils récents et la survivance illogique des vieilles habitudes, – mort à ce qui n’était pas très loin, très haut ou très absurde, – il habitait une grande maison carrée, couvent égyptien, lourde blancheur écrasée dans l’or pâle des sables. » (Une maison dans les dunes)
Portrait de Rémy de Gourmont, par Pierre-Eugène Vibert (gravure).
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