Ce récit de voyage de Pierre Loti (1850-1923) est paru dans La Grande Revue en 1888 et dans le recueil Japoneries d’automne en 1889.
« Pauvres belles robes ! Par le bas elles sont effrangées, tout en lambeaux ; l’étoffe cède sous les doigts, se pulvérise, – et le vent l’emporte. Mais il s’en dégage encore un parfum de musc et de vétiver, presque une senteur de toilette féminine, et, en respirant cela, je perds un instant la notion effroyable des dix-sept siècles qui me séparent de cette impératrice. C’est d’ailleurs, en soi, une impression saisissante, que de regarder de si près au grand jour, de toucher et de sentir une vraie toilette de cette créature légendaire, qui vivait comme une déesse, inaccessible et invisible, voilée même au milieu des batailles, – et à une époque si lointaine, si inconnue, alors que nos ancêtres gaulois secouaient à peine leur sauvagerie des forêts.
Pauvres belles robes ! À présent qu’on les montre à tout venant pour quelques pièces blanches, il est probable qu’après avoir traversé tant de siècles, elles ne verront pas la fin de celui-ci. »
Gustave Léonard de Jonghe, L’admiratrice du Japon (vers 1865).
Je vous en prie, Ygonaar ! Merci à vous.
Une première découverte de Pierre Loti passionnante, dans sa description des alentours du sanctuaire et des reliques de la mythique Jingū. Et en fond de texte, un aspect peut-être un peu moins flamboyant du comportement des européens à l’époque de l’auteur.
Merci pour votre lecture.