Pierre Corneille, l’auteur de la tragédie Polyeucte et de la comédie La Place royale a parfois quitté les grands genres pour taquiner la poésie légère et galante, témoins ces dix courts poèmes (surtout des sonnets) qui s’ajoutent à Chanson et à Stances à Marquise, sans doute les plus connus, déjà publiés.
« Usez moins avec moi du droit de tout charmer ;
Vous me perdrez bientôt si vous n’y prenez garde.
J’aime bien a vous voir, quoi qu’enfin j’y hasarde ;
Mais je n’aime pas bien qu’on me force d’aimer.
Cependant mon repos a de quoi s’alarmer ;
Je sens je ne sais quoi dès que je vous regarde ;
Je souffre avec chagrin tout ce qui m’en retarde,
Et c’est déjà sans doute un peu plus qu’estimer.
Ne vous y trompez pas, l’honneur de ma défaite
N’assure point d’esclave à la main qui l’a faite,
Je sais l’art d’échapper aux charmes les plus forts,
Et quand ils m’ont réduit à ne plus me défendre,
Savez-vous, belle Iris, ce que je fais alors ?
Je m’enfuis de peur de me rendre. » (Chagrin)
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