Paul Hervieu (1857-1915), romancier et dramaturge, eut pour ami et confident Octave Mirbeau connu sur notre site. Il y a une certaine parenté entre ces deux écrivains qui ont côtoyé Paul Bourget, Marcel Proust, Guy de Maupassant, Réjane, Lucien Guétry, Edgar Degas, le Prince Bibesco… et sont devenus féroces à l’égard de la société…
Hervieu dépeint avec dureté les misères physiques et morales et provoque notre émotion, mais ne témoigne pas de pitié : il nous laisse juges.
L’Esquimau nous décrit avec objectivité le calvaire de ce pauvre Toogoolor : « Au delà du cercle polaire arctique et du 70e degré de latitude, non loin de l’Alaska, sur la mer Glaciale, se trouve le village d’Irgonok. […] En ce temps-là, le beau Toogoolor devait avoir vingt ans. Il n’aurait pu dire lui-même son âge d’une manière exacte, d’abord parce que les Irgonokois n’ont pas d’état civil, ensuite parce qu’ils ne savent pas compter au delà de dix, n’ayant imaginé d’autres chiffres que les doigts de leurs mains. »
Terminons par un exemple d’attaque des dirigeants du Jardin d’Acclimatation de Paris et des provinciaux :
« L’idée d’exhiber à l’état captif, dans un léger treillage de laiton, le plus indépendant et le plus singulier des mammifères, c’est-à-dire l’homme, devait nécessairement venir à une administration soucieuse de réaliser tous les progrès et d’accroître sa prospérité. Évidemment, le Comité Zoologique pouvait se contenter d’offrir à la curiosité publique des spécimens d’Auvergnats ou de Tourangeaux qui auraient eu, pour le moins, autant de titres à figurer au Jardin d’Acclimatation que les chèvres de leurs plateaux ou les gallinacés de leurs plaines. »
Nanouk l’Esquimau.
Merci beaucoup Mr. Depassé,
J’espère qu’il n’ a pas été empaillé.
Encore merci.
––
Emile docteur de marine et spécialiste de la croissance osseuse chez les adolescents