Guillaume Apollinaire, Alain Fournier, Louis Pergaud et d’autres écrivains fauchés en pleine jeunesse pendant la Grande Guerre ont connu la renommée, mais la postérité en a oublié beaucoup, et particulièrement Paul Louis Drouot (né le 21 mai 1886 à Vouziers, Ardennes, et mort le 9 juin 1915 à Aix-Noulette, Pas-de-Calais), écrivain et poète français.
Il a écrit des recueils de poésie et quelques nouvelles fort appréciées par Henri de Régnier.
Avant de partir au front, il avait laissé un testament disant :
« Je ne veux pas laisser de traces. Tout est vain, voyez-vous, ici-bas, oui, tout, excepté l’âme. Je ne laisse rien qui soit digne d’être publié. Je demande que tous mes papiers, notes, brouillons, débuts de poèmes ou vers isolés soient anéantis, ce qui ne les changera guère. »
Son vœu n’a heureusement pas été exaucé
L’Œillet rouge (1925) et Loge 27 (1926) ont une grande originalité et une belle écriture :
« Certes il fallait que je fusse ivre. La nuit tombait. Je ne trouvais plus mon chemin. J’avançais quand même. Le vent secouait mon chapeau. Mais, contre moi, pas un pétale qui frémît, et pas une fleur qui tremblât, captives de ma longue étreinte, l’haleine suspendue, pâmées. Enfin les premières maisons d’Entraygues s’enlevèrent en noir sur la mer encore lumineuse. Je longeais un mur délabré. Une odeur triste et pénétrante me fit soudain tourner la tête. Et je découvris, à l’abri d’un antique pin parasol, voilés d’eucalyptus bleuâtres, les tertres et les blanches tombes d’un cimetière abandonné. Je frissonnai de pitié et pourtant je pressai le pas comme si j’avais hâte de m’éloigner. Je dus même faire un brusque mouvement qui rapprocha de mon visage une touffe embaumée d’œillets, je fermai les yeux, j’aspirai. »
Consulter les versions textes de ce livre audio : L’Œillet rouge, Loge 27.
Merci M. Depasse de mettre à l’honneur ce grand auteur. Votre lecture est comme toujours irréprochable.