Octave Mirbeau avait souvent la dent dure. Mais dans son article Victor Hugo, rédigé deux jours après la mort du Poète, foisonnent les éloges sans la moindre réserve.
Avec Victor Hugo, « le théâtre, le roman, le poème, qui s’étaient faits coterie, redeviennent foule. Le clavier du génie humain reprend toutes ses notes méprisées et brisées. Et de bas en haut, du grotesque au sublime, le monument s’élève, semblable à la cathédrale gothique, dont la forêt de piliers et de colonnettes abrite tout un monde chimérique et réel, angélique et démoniaque, dans l’ enchevêtrement des feuillages de pierre. »
En revanche, on retrouve dans Amour ! Amour ! (chapitre du livre Les Écrivains) la plume critique et sans concession du dégoûté de la littérature « amoureuse » vingt ans plus tard.
« Alors que la science s’efforce de désembroussailler les sources de la vie de toutes les erreurs métaphysiques qui les cachent, mornes ronces, à notre raison ; alors qu’elle conquiert des mondes inexplorés, qu’elle interroge l’infini de l’espace et l’éternité de la matière ; alors qu’elle va cherchant, au fond des mers primitives, la matière primordiale d’où nous sortons, et qu’elle suit son lent développement à travers les millions d’années et les millions de formes, jusqu’à son évolution la plus parfaite, l’homme ; la littérature, elle, en est encore à vagir de pauvres chansons sur deux ou trois sentiments artificiels et conventionnels, qui devraient cependant être bien épuisés, depuis le temps qu’ils servent à nous amuser – car il paraît qu’ils nous amusent. »
Consulter les versions texte de ce livre audio : Victor Hugo ; Amour ! Amour !
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