De 1880 à 1883 Octave Mirbeau a été l’esclave consentant de Judith Vimmer (Juliette Roux, dans le roman), femme de petite vertu et de petite intelligence, futile et infantile, qui lui a fait endurer les pires souffrances. Trois ans plus tard, il publiera Le Calvaire qui suscitera un énorme scandale.
Écrit à la première personne, ce roman-confession est, sous le nom de Jean Mintié, le récit de ses propres turpitudes. C’est un acte d’expiation, mais aussi un acte de libération.
« Je voudrais, oui, je voudrais ne pas poursuivre ce récit, m’arrêter là… Ah ! je le voudrais ! A la pensée que je vais révéler tant de hontes, le courage m’abandonne, le rouge me monte au front, une lâcheté me prend, tout à coup, qui fait trembler ma plume entre mes doigts… Et je me suis demandé grâce à moi-même… Hélas ! je dois gravir, jusqu’au bout, le chemin douloureux de ce calvaire, même si ma chair y reste accrochée en lambeaux saignants, même si mes os à vif éclatent sur les cailloux et sur les rocs ! Des fautes comme les miennes, que je ne tente pas d’expliquer par l’influence des fatalités ataviques, et par les pernicieux effets d’une éducation si contraire à ma nature, ont besoin d’une expiation terrible, et cette expiation que j’ai choisie, elle est dans la confession publique de ma vie… »
Par ailleurs il dénonce avec virulence les atrocités de l’armée française, s’en prend à l’idée même de la Patrie, démystifie la famille, le plaisir, que, comme Baudelaire, il assimile à un fouet ; l’amour dans Le Calvaire n’est pas « l’amour frisé, pommadé, enrubanné », mais « l’Amour barbouillé de sang, ivre de fange, l’Amour aux fureurs onaniques, l’amour maudit, qui colle sur l’homme sa gueule en forme de ventouse, et lui dessèche les veines, lui pompe les moelles, lui décharne les os. »
Le récit est totalement subjectif et on a droit à des « rêves », à des« visions », à du « délire », voire à des « hallucinations ». « En écrivant, je ne me suis préoccupé ni d’art, ni de littérature, éloigné de tout ce qui pouvait ressembler à une œuvre composée, combinée, écrite littérairement. J’ai voulu seulement évoquer une douleur telle quelle, sans arrangement ni drame », disait-il à son ami Paul Bourget.
Ce roman d’amour, à deux personnages principaux, finissant mal, rappelle Manon Lescaut de l’abbé Prévost.
Un grand merci pour la lecture de cet ouvrage.
Merci à tous ceux qui me témoignent leur sympathie et aussi à ceux,nombreux,qui ,sans envoyer de commentaires, collectionnent mes “productions” et apprécient certaines oeuvres dites mineures voisinant avec celles des grands maîtres es-littérature.
Tant de fois je devrais vous remercier, cher René, pour toutes ces lectures et cette variété que vous nous offrez. Par manque de temps je ne peux écouter ne serait-ce que le centième de ce que vous enregistrez… Toutefois c’est avec un grand respect que je tenais à saluer cette lecture d’Octave Mirbeau que je vais découvrir par la même occasion.
Je vous souhaite un joyeux Noël, portez-vous bien.
Vincent
Bravo à Mirbeau et bravo à Depasse pour leur courage.
Que vaut l’un sans l’autre ? le créateur sans l’imprimeur ou le créateur sans le donneur de voix ?
Et oui :
“le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point”.
Merci pour cette lecture, monsieur Depasse, et bonnes fêtes de fin d’année.