Le célèbre Polichinelle de la commedia dell’arte, au gros ventre par devant et une bosse dans le dos, est chez Octave Feuillet un personnage picaresque, dont l’esprit remarquable compense largement ses difformités et qui se sort de toutes les chausse-trappes avec un irrésistible brio.
« Polichinelle, cependant, était l’objet de mille démonstrations d’amitié de la part des courtisans, car on se doutait qu’il allait entrer en faveur. Le roi, en effet, lui ordonna sur l’heure de lui demander ce qu’il voudrait, en retour du bon office qu’il venait de rendre à la famille royale. « Sire, dit Polichinelle, je demande quatre choses à Votre Majesté : la première, c’est qu’elle me reçoive parmi ses pages, et qu’elle me fasse donner des maîtres en toutes les sciences. – Je l’accorde, dit le roi. – La seconde, c’est que mon âne, à qui je dois tant, soit dispensé désormais d’aller au moulin et qu’il soit admis à brouter l’herbe de vos pelouses, sire. – Il la broutera, dit le roi. – La troisième, c’est que Votre Majesté fasse vivre mon père et ma mère dans une honnête aisance jusqu’à la fin de leurs jours. – Bien volontiers, dit le roi. Et la quatrième, mon ami ? – La quatrième, sire, c’est d’embrasser la main de la princesse. » Et tout le monde de s’extasier sur le merveilleux savoir-vivre de Polichinelle. Le roi dit qu’il le permettait. Là-dessus la princesse, en souriant de tout son cœur, tendit sa main au bienheureux petit bossu, qui en baisa doucement quatre doigts ; puis, arrivant au pouce, il n’en fit pas plus de cérémonie. »
Maurice Sand, Polichinelle – Masques et Bouffons (Comédie italienne), édition Michel Levy (1860)
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