Ninon de Lenclos (1628-1705) était une courtisane, femme de lettres, belle, intelligente, spirituelle, libertine et athée. Elle a collectionné des amants célèbres : le Grand Condé, François de La Rochefoucauld, le maréchal d’Estrées ; elle les classait en amants « payeurs », « martyrs » et « caprices ». Elle conseilla Molière lors de la querelle du Tartuffe.
En 1659 dans La Coquette vengée (la critique n’est d’ailleurs pas sûre que ce récit soit d’elle) elle se défend de plusieurs attaques personnelles et prétend que « beaucoup plus de génie est nécessaire pour faire l’amour que pour commander aux armées » et que « nous devrions faire attention au montant de nos provisions, mais pas à celui de nos plaisirs : ceux-ci doivent être recueillis jour après jour. »
Elle se livre, surtout, à une belle attaque contre certains philosophes : « Quand je dis donc que vous devez éviter les philosophes, je n’entends point parler d’un docteur, ni d’un solitaire, ni d’un libertin dont la profession est ouverte et déclarée. J’entends certains pédants déguisés, pédants de robe courte, des philosophes de chambre qui ont le teint un peu plus frais que les autres, parce qu’ils se nourrissent à l’ombre et qu’ils ne s’exposent jamais à la poussière et au soleil ; des philosophes de ruelles qui dogmatisent dans des fauteuils ; des philosophes galants qui raisonnent sans cesse sur l’amour, et qui n’ont rien de raisonnable pour se faire aimer. Vous ne sauriez croire combien ces gens-là sont incommodes. »
Merci. Pauvres philosophes, qui ne savent dire Nioui Ninon…