« Ses projets les plus sérieux tournaient en farces amères, ses idées les plus rares avaient une cruelle mystification pour aboutissement. Ses émotions elles-mêmes, ses enthousiasmes, fleurs généreuses et spontanées de son âme, ne tardaient pas à se tordre dans l’insulte d’une grimace, à se flétrir sous la bave d’une colère. Aussi, avec de très brillantes qualités intellectuelles, il n’était rien ; avec une activité incessante, il ne cherchait rien ; avec une énergie qui allait jusqu’à la férocité, il ne voulait rien. Son éloquence, ses passions, ses facultés créatrices, ses sensibilités, ce qui remuait en lui de rêves grandioses et d’aspirations hautaines, autant de forces perdues ; tout cela se consumait dans la fièvre stérile du caprice, dans le délire de ses fantaisies de déclassé. Être à rebours de lui-même, parodiste de sa propre personnalité, il vivait en un perpétuel déséquilibrement de l’esprit et du cœur. […] »
La mention « (Version 2) » à la suite du titre indique qu’il existe sur notre site un autre enregistrement de ce même texte, effectué par un donneur de voix différent. Voir aussi : Version 1.
Frédéric Chopin, Études, Op. 25, Océan (European Archive, domaine public).
Un grand plaisir de découvrir l’Abbé Jules que je ne connaissais pas. Ancien petit séminariste des années 1960, je n’ai pas connu de prêtre comme l’abbé Jules même si certains ont défroqué. Certains traits de caractères me sont revenus. Vous vous défendez de donner une coloration particulière au texte que vous lisez, votre voix et votre intonation m’ont paru en parfaite adéquation avec ce que j’attendais. Si vous avez le plaisir de lire, celui de vous écouter n’est pas moindre ! Un très grand merci!
D’abord un gros merci à vous, Dominique, pour ce compliment qui me touche sincèrement.
Pour répondre à votre question, Dominique, je dirai que j’adore lire Mirbeau sans doute justement parce qu’il est souvent “terriblement noir”: on est alors obligé (en tout cas je le sens ainsi) de prendre quelque distance pour ne pas tomber dans le gravement dramatique. C’est au lecteur de sentir le drame, pas au donneur de voix de le singer. Et j’aime cette neutralité dans la lecture à voix haute!
Je crois bien que je ne réponds pas du tout à votre question, là. Eh bien, en fait, je ne sais pas! sans doute parce que j’adore lire à voix haute, ce plaisir écarte toute monotonie dans mon ton!
J’achève avec bonheur l’audition de l’abbé Jules. Avec bonheur n’est pas vraiment le mot, car c’est un roman terriblement noir.
Le bonheur vient de vous, qui n’êtes pas une “donneuse de voix” mais une interprète qui donne du sens.
Comment faites-vous pour ne pas tomber dans un ton monocorde avec un texte aussi long ?
Bravo et merci.
Je suis d’accord avec vous, KMC, Mirbeau mérite d’être connu. Votre gros appétit de cet auteur vous fera découvrir une autre voix, que je trouve merveilleuse!, celle de Juliette!
Bon appétit!
Merci Pomme de m’avoir permis de découvrir cet auteur extraordinaire au son de votre lecture parfaite. Je vais suivre toutes vos lectures et dévorer toute l’oeuvre d’Octave Mirbeau. Dire que je ne l’aurais sans doute jamais connu sans litteratureaudio !
Je vous en prie, Poire Williams. Bien heureuse pour vous!
Merci à Pomme pour sa belle lecture!
Un vrai bonheur de vous lire, Fraise-sauvage!
Ma chère Pomme, je vous dois, avec beaucoup de retard, un autre grand merci pour cette lecture qui vaut en effet une Pomme d’or 😉 Un autre Mirbeau passionnant et passionné, dont les dernières pages m’ont fait penser à La Mort d’Ivan Illich de Tolstoï. Juliette et vous avez fait de moi une grande admiratrice de Mirbeau. Merci encore et toujours!
Le Barbon, quelques bleus à l’âme, tout au plus.