« Ses projets les plus sérieux tournaient en farces amères, ses idées les plus rares avaient une cruelle mystification pour aboutissement. Ses émotions elles-mêmes, ses enthousiasmes, fleurs généreuses et spontanées de son âme, ne tardaient pas à se tordre dans l’insulte d’une grimace, à se flétrir sous la bave d’une colère. Aussi, avec de très brillantes qualités intellectuelles, il n’était rien ; avec une activité incessante, il ne cherchait rien ; avec une énergie qui allait jusqu’à la férocité, il ne voulait rien. Son éloquence, ses passions, ses facultés créatrices, ses sensibilités, ce qui remuait en lui de rêves grandioses et d’aspirations hautaines, autant de forces perdues ; tout cela se consumait dans la fièvre stérile du caprice, dans le délire de ses fantaisies de déclassé. Être à rebours de lui-même, parodiste de sa propre personnalité, il vivait en un perpétuel déséquilibrement de l’esprit et du cœur. […] »
La mention « (Version 2) » à la suite du titre indique qu’il existe sur notre site un autre enregistrement de ce même texte, effectué par un donneur de voix différent. Voir aussi : Version 1.
Frédéric Chopin, Études, Op. 25, Océan (European Archive, domaine public).
Oh oui! Capu(cine)! Cet auteur mérite d’être connu! Et je vous invite à écouter les nombreux romans et nouvelles de lui sur ce site. Vous allez découvrir une oeuvre forte et originale, et courageuse souvent car Mirbeau n’hésite pas à lever certains tabous. Et merci pour vos compliments!
Mille mercis pour cette longue lecture neutre à belle voix et juste prononciation (les effets de manches étant quasi inutiles face à la force du texte).
Effrayant personnage que cet oncle Jules incapable d’accueillir et de répondre à l’affection de ses proches (sauf à celle de son neveu en toute fin), incapable d’être heureux (sauf dans son jardin à la toute fin); une affreuse vie suivie d’une affreuse mort.
Mirbeau illustre dans son roman ses idées anarchistes sur la religion, l’éducation, la bourgeoisie, la “bonne” famille catholique, la bonne société provinciale, la valeur de la nature,…
Ce roman a dû faire l’effet d’une bombe lors de sa parution face à la morale catholique de la société bourgeoise de son temps!
J’ai découvert Mirbeau par ses articles dithyrambiques sur Camille Claudel lors d’une recherche sur cette artiste flamboyante, qu’il a défendu jusqu’au bout. je ne connaissais pas ses romans.
Décidément cet auteur gagne à être connu.
J’ose espérer qu’il n’existe pas en réalité des prêtres tels l’Abbé Jules…
Grand merci pour votre compliment, Jean. Je suis enchantée que vous ayez pris plaisir à écouter ce roman un peu particulier.