Portrait de Maxime Gorki en 1905, par Valentin Alexandrovich Serov

La Mère

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Lorsqu’il écrit La Mère en 1906, Gorki est aux États-Unis, avec mission de collecter des fonds pour le parti bolchevik. Il le termine à Capri où il s’exile et se soigne. Il vient de participer à la révolution russe de 1905, ce qui lui a valu d’être emprisonné par le gouvernement tsariste. Forcé de travailler à l’âge de 10 ans, devenu écrivain, il est opposant révolutionnaire depuis toujours.

Ce livre montre la pénétration des idées socialistes internationalistes et révolutionnaires, au sein de la classe ouvrière russe, à la veille de 1905, cet épisode préparatoire à la révolution de 1917.

Il montre comment un jeune ouvrier, Pavel, refuse de se laisser abrutir par l’exploitation, de se laisser aller au machisme, à l’alcoolisme, etc., dans lesquels a sombré autrefois son père. Lui et d’autres jeunes se forment et se transforment au contact de militants étrangers au faubourg, issus, pour certains, de la noblesse. Ils interviennent bientôt à la fabrique, à la campagne, dans la rue, lors de la journée internationale du 1er mai, avec la perspective de la répression, de la prison, etc. La mère de Pavel s’arrache douloureusement à son passé de femme battue par son mari – dont elle est veuve, et devient progressivement à son tour une militante.

« J’ai aussi compris votre vérité : tant qu’il y aura des riches, des puissants, le peuple n’obtiendra ni justice, ni joie, ni rien. […] Parfois, la nuit, je me remémore le passé, ma force foulée aux pieds, mon jeune cœur brisé… et j’ai amèrement pitié de moi-même ! Mais pourtant, ma vie s’est améliorée. […]
Je me suis tue toute ma vie, je ne pensais qu’à une chose : à éviter pour ainsi dire la journée, à la vivre sans qu’on m’aperçoive, pour qu’on m’ignore… Et maintenant je pense à tous… je ne comprends peut-être pas très bien vos affaires… mais tout le monde m’est proche, j’ai pitié de tous et souhaite le bonheur de tous… » (Première Partie, Chapitre XVI)

« Le moment est venu de résister à la force avide qui vit de notre travail, le moment est venu de se défendre ; il faut que chacun comprenne, que personne ne viendra à notre secours, si ce n’est nous-mêmes ! » [Pavel, Première Partie, Chapitre XII]

« On dit qu’il y a sur la terre toutes sortes de peuples : des Juifs et des Allemands, des Français, des Anglais, des Tatars. Mais je ne crois pas que ce soit vrai. Il y a seulement deux races, deux peuples irréconciliables : les riches et les pauvres ! » [Pavel, Première Partie, Chapitre XXVIII]

Traduction : Serge Perski (1870-1938).

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Portrait de Maxime Gorki en 1905, par Valentin Alexandrovich Serov (1865-1911).

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Livre audio gratuit ajouté le 18/07/2016.

24 Commentaires

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  1. Kadour,

    Le véritable sens de votre “avertissement” à Emilieemilie ne m’avait évidemment pas échappé…

    Mais, si je peux me permettre, il est hors de propos.

    Car que voit-on ici : de belles figures de combattants sincères, qui ont eu raison d’être ce qu’ils étaient. Des militants sensibles et très divers, loin des caricatures. La mère évalue très bien les uns et les autres – y compris son propre fils.
    On y voit des intellectuels qui ne peuvent s’empêcher d’être parfois stériles et un peu arrogant, des ombrageux, méfiants, anarchisants et même… des croyants (la mère).
    Ils sont tous unis dans un même combat contre l’exploitation et l’autocratie.

    Ou est l’autoritarisme ici ?

    Pourtant, ce sont bien des “communistes” que l’on voit dans ce roman.

    D’abord le récit est inspiré de ce que Gorki a vécu lui-même aux côtés des bolchéviks.

    Ensuite, on voit ici des militants qui sont reliés à un parti – qui n’est pas nommé, dont on ne voit pas les dirigeants, mais qui leur apporte une formation, des journaux, d’autres militants en renfort, etc.

    Et surtout, tout le récit montre des être unis dans cette conviction – qui n’est pas citée non plus, mais que manifeste leur vie, leurs choix, leurs déclarations, etc. : “l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes” et “prolétaires de tous les pays, unissons-nous”.

    Et ça, c’est bien du communisme.

    EmilieEmilie ne s’y est pas trompé, en tous les cas. Et c’est vrai que c’est enthousiasmant.

    Après, loin de moi de vouloir esquiver la question des “vilaines choses”.

    Mais on n’efface pas ainsi d’un trait de plume le combat sincère qu’a mené des millions d’opprimés, à la suite de cette poignée de pionniers (si, si, des millions) – ni même leurs convictions – communistes, forgées dans la lutte.
    Il faut s’y arrêter. On leur doit.
    Et c’est cela le sujet.

    Le stalinisme, c’est après.

    D’ailleurs, même la version anarchiste du communisme (cela me fait drôle de l’appeler comme cela – la faute à Kropotkine), lorsqu’elle a su convaincre par dizaines, centaines de milliers d’exploités, lors de périodes révolutionnaires, n’a pas su éviter de se compromettre avec des… staliniens (République espagnole de 36). Malheureusement.

    Or, au vu de la crise actuelle, de la guerre sociale qui nous est menée, oui, même les écrits de Kropotkine, qui parlent de communisme – fût il “anarchiste”, sont rafraîchissants.

    Quant à en offrir la lecture… C’est encore autre chose…
    Kadour, vous n’avez pas envie de vous lancer ?

  2. Chère Albatros,
    je ne me souviens pas très exactement des chapitres où l’écoute me fut malaisée, mais il s’agit des tout premiers chapitres. Cependant, puisque d’autres personnes n’ont pas remarqué ces légers bruits, pourquoi ne pas considérer la question comme provenant uniquement du fait qu’étant metteur en scène et réalisateur de profession, mon oreille a été plus sensible que celle des autres à cet aspect.
    Si vous le permettez, je préférerai vous voir enregistrer d’autres beaux textes comme celui de “La mère” pour nous enrichir. Permettez-moi de vous proposer la lecture de « la conquête du pain ». Bien entendu, ce n’est pas un roman, mais un essai, cependant il est nourri par un souci et un élan semblables à ceux de la mère, avec cette différence que Kropotkine savait distinguer entre les autoritaires et les non autoritaires.
    Autre proposition de lecture : “En gagnant mon pain” puis “Mes universités”, de Gorki.
    Pour revenir à Kropotkine, oui, bien entendu, c’était un militant du changement social dans le sens d’un communisme libertaire. Si je suis intervenu auparavant auprès de la personne enthousiasmée, à juste titre, par l’écoute de votre lecture de “La mère”, c’est pour contribuer à l’aider à ne pas confondre le “communisme” autoritaire, qui a commis tant de vilaines choses, avec celui, authentique, d’un Kropotkine.
    A propos de vos prochains enregistrements, permettez-moi de vous suggérer de tenir la bouche assez loin du micro, afin que soient enregistrées uniquement vos paroles. Veuillez vérifier si d’autres bruits ne s’y ajoutent pas, et tout sera parfait, car dans votre manière de lire je sens que vous mettez tout votre coeur et tout votre esprit. Là est l’essentiel.
    Encore une fois merci du généreux don de lecture que vous nous offrez.
    Kadour

  3. Merci, Kadour, pour votre écoute vigilante.
    Vous souvenez-vous des chapitres où l’écoute était malaisée ? En effet, je peux les réenregistrer. Même si je n’ai pas entendu ces “déglutions” (burk), il m’est arrivé de reprendre entièrement un chapitre en me rendant compte de sa mauvaise qualité sonore.
    De toute façon, je tiendrai compte de votre remarque en cas de prochain enregistrement.

    Dites, dans son ouvrage, “la conquête du pain”, Kropotkine est un vrai défenseur de la révolution sociale et du… communisme (même s’il précise : “communisme anarchiste”) – lecture très intéressante, en tous les cas.

  4. Merci Emiliemilie.
    Je m’étais résolue à m’atteler à la lecture de “La Mère”, pensant qu’aucun de nos donneurs de voix ne le ferait.
    Erreur : pendant que j’enregistrais laborieusement ce texte (j’ai tout de même mis 10 mois), une fameuse donneuse de voix sur ce site a fait demander si j’avais persévéré dans mon projet.
    Elle venait de terminer et de publier “Ma vie d’enfant” et songeait, sans doute, à passer à “La mère”…
    Patience, donc, “Les Bas-fonds” devraient arriver.
    Je les attends moi-même aussi, d’ailleurs ;-)…

  5. Ca y est je suis devenue communiste! Mais quelle œuvre! Plus jeune j’avais lu “ma vie ” de Trotsky, mais ce roman a une force de persuasion bien plus forte. Quelle beauté, quelle poésie! Souvent quand je laisse un commentaire, je m’émerveille sur la poésie de auteurs. Mais je pense que la poésie est au-dessus de l’intellect, elle est pure inspiration, à la limite du divin…. La fin est magnifique, un pur éloge de la liberté. J’ai pensé au film Brazil quand on voit les papiers s’envoler… Enfin bref, je parle de Gorki à tout le monde, ma mère, mes amis, mon boulanger…

    Merci Albatros pour votre voix qui sert à merveille ce texte. Votre lecture est à la fois sensible et délicate comme le roman.

    Quand lisez-vous les bas-fonds?;)

  6. Bonjour !

    merci de ce don de lecture. J’ai senti que vous y avez mis une part importante de votre personne. Cependant, si vous permettez, une remarque. Quand votre bouche est trop près du micro, j’ai été un peu distrait à cause des bruits de la déglutition. Mais quand votre ton de voix est plus bas, alors j’adhère complètement.
    En tout cas, toute ma reconnaissance pour votre bravoure à lire ce long et passionnant roman.
    Kadour

  7. Merci cher Ahmed pour vos encouragements.
    Irez-vous jusqu’au bout des aventures de cette mère et de sa transformation, dans le creuset du combat contre l’exploitation ?
    Bonne écoute.

  8. Bonsoir chère Albatros ,

    Je tiens à vous remercier de cette aimable lecture et dont le sujet important aussi que votre courage de parcourir ces pages qui tracent la littérature russe dont j aime bien votre voix qui attire mon attention …

    Bien cordialement ,
    Ahmed

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