« Il y avait une chaise inoccupée en face du fauteuil sur lequel était assis le banquier […]. Margaret s’en approcha doucement et posa les mains sur le dossier ; son pas fut assourdi par l’épais tapis de Turquie. Le banquier ne fut pas tiré de son assoupissement et le chien lui-même continua à dormir.
« Monsieur Dunbar ! » s’écria Margaret d’une voix claire et résolue, « éveillez-vous ; c’est moi, Margaret Wilmot, la fille de l’homme qui a été assassiné dans le petit bois près de Winchester ! » »
Dans ce deuxième et dernier tome du roman de Mary Elizabeth Braddon (dont la première partie est déjà disponible sur notre site), le lecteur suivra les efforts de Margaret pour retrouver et châtier le meurtrier de son père. L’originalité de la situation déjà installée par l’auteur lors du tome précédent rendra particulièrement savoureuses cette confrontation ainsi que ses conséquences, parmi lesquelles une poursuite en train, guide Bradshaw sous le bras, tout à fait haletante… au sens victorien du terme.
Ludwig van Beethoven, Violin Concerto in D major, Op. 61 : II. Larghetto, interprété par l’ensemble US Marine Chamber Orchestra (licence Cc-Pd).
Merci de votre réponse, Vincent. Les échanges entre lecteurs et auditeurs passionnés par les livres sont le piment de ce merveilleux site. Je voudrais ajouter deux remarques, juste pour le plaisir :
Je rends hommage à la littérature anglaise du XIXe pour avoir produit un nombre important d’auteurs-femmes comme Austen, Mary Shelley, les soeurs Bronte, George Eliot (que j’adore) ou Bradden que vous m’avez fait connaître et sans compter celles que je ne connais pas, alors qu’en France George Sand tient seule le flambeau. Et il y a plus : la littérature anglaise s’intéresse aux jeunes filles, ce qui m’a toujours plu ; on aurait du mal à trouver l’équivalent au XIXe en France (sauf chez Stendhal).
Mais pourquoi faut-il que les auteurs ou autrices britanniques soient si attachés au personnage de la fille adorant un père odieux et sacrifiant tout pour lui ? Chez Dickens c’est une vraie manie (le pompon c’est la petite Dorritt). Et ici, dans Henri Dunbar, Margaret, personnage qui a de la force, sacrifie tout, même son seul amour,son grand amour, à son père, un tocard d’un égoïsme monstrueux, et un criminel, en plus. Heureusement xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx sinon elle était perdue, la pauvre fille. C’est un peu bizarre cette tendance oedipienne anglaise, ne trouvez-vous pas ?
Bonjour Sylve,
C’est vrai que ces échanges sont un plaisir et font aussi le sel de notre site 🙂
Vous avez tout à fait raison, cette situation est très courante dans la littérature victorienne : rien que chez Braddon j’en trouve deux autres exemples : Diana Paget dans “Les oiseaux de proie” et Cassandra Lovel dans “The Lovels of Arden”. Je crois que le thème du devoir est un thème essentiel dans la littérature de cette époque, on le retrouve aussi beaucoup chez Trollope. Et la fidélité, envers et contre tout, à un père indigne, est une situation riche en émotions, et qui permet de combiner le thème de la jeune fille et celui du devoir.
Dans “Henry Dunbar” toutefois, je trouve que Margaret reste fidèle à son père presque à son corps défendant et est poussée beaucoup plus par le devoir que par l’amour qu’elle éprouverait pour lui.
J’aime beaucoup ce personnage, et la scène de la rencontre entre les deux à Maudesley Abbey est un “climax” que n’aurait pas renié la plus addictive des séries contemporaines.
J’espère que vous ne m’en voudrez pas, j’ai enlevé quelques mots de votre commentaire précédent qui “divulgâchaient” le destin de l’un des personnages de “Henry Dunbar”.
Au plaisir de vous lire.
Pour tout vous avouer, Vincent, pendant longtemps j’ai boycotté M.E. Braddon. Je me disais ” Ce gars-là (c’est à dire vous, excusez la familiarité, je me parlais à moi-même), qui traduit Trollope, est un tel passionné de la littérature victorienne qu’il aime tout, sans distinction. Et avec ses qualités de lecteur il serait capable de faire passer un roman de gare pour un chef d’oeuvre de la littérature. Donc je commençais et bof j’arrêtais. Mais en lisant les commentaires des auditeurs, en particulier SAUTILLANT sur Henry Dunbar et vos réponses et éclaircissements subséquents mon intérêt s’est ranimé et je fais amende honorable. Henry Dunbar est bien conçu, le scénario criminel extrêmement bien construit, les personnages intéressants et l’écoute de l’oeuvre très agréable. Sorry donc ! Je commence Les oiseaux de proie, début très prometteur.
Bonjour Sylve, j’aime bien le style de votre commentaire 🙂
Je suis heureux que vous ayez sauté le pas et “goûté” à ME Braddon, et que vous n’en soyez pas déçue. Pour moi c’est une auteure qui ‘tire vers le haut’ la littérature victorienne à sensation.
Pour vous rassurer, même s’il est vrai que le roman victorien fait partie de mes genres favoris (avec le fantastique et la science-fiction), je n’aime pas tout sans distinction. S’il est vrai que je dévore depuis quelques années tout ce que je peux trouver sur Gallica, Google Books, et chez les bouquinistes, il faut reconnaître qu’on est souvent déçu et que cette littérature, tout comme la littérature contemporaine, comprend aussi beaucoup d’œuvres sans beaucoup d’intérêt. Je commence à avoir lu beaucoup de Braddon, et à peu près la moitié ont peu d’intérêt, ou ont considérablement vieilli. Même chez les “grands maîtres”, Wilkie Collins par exemple, en de hors de ses quelques très grands romans, qui sont des chefs-d’œuvre, on trouve beaucoup de romans peu intéressants… témoin ‘cache-cache’ qui moisit sur ma table de nuit… et j’ai dû lire beaucoup de Helen Wood pour trouver un ou deux romans dignes d’intérêt.
Et en dehors de cela, dans le roman victorien, il y a aussi des romans qui sont de qualité, mais ‘légers’ : “La pupille’, ‘Vixen’, ‘Le chemin tortueux’ ; et j’assume ce goût pour la légèreté, et j’aime à me promener sur une pelouse anglaise avec de jolies dames, portant leur ombrelle tandis qu’elles me confient leurs histoires de cœur 🙂
Je suis heureux que vous ayez aimé ‘Henry Dunbar’, j’aime beaucoup ce roman. Espérons que “Les oiseaux de proie” vous plaira aussi. Vous aurez, selon mes goûts personnels, lu deux des meilleurs Braddon, même si vous trouverez sur notre site d’autres très bons romans, lu par Cocotte et Daniel.
Au plaisir de vous retrouver !
Merci, cher Vincent, pour cette lecture encore magnifique. J’ai pu apprécier une nouvelle fois cette autrice attachante qu’est M.E. Braddon.
Quel beau timbre si rempli de sens !…
Bonjour Erwan,
Je suis très touché que ce texte de Miss Braddon ainsi que ma lecture aient su vous plaire !
Très grand merci pour avoir pris le temps de me faire part de vos impressions.
Il y a beaucoup de M.E. Braddon à découvrir sur notre site, même si, je dois l’avouer, Henry Dunbar est son roman qui a ma préférence.
A bientôt pour d’autres lectures 🙂
Merci Maririe !
C’est une caractéristique des romans à sensation de l’époque victorienne, que la solution de l’énigme est souvent assez facile à deviner pour le lecteur contemporain, mais l’un des talents de Mary Elizabeth Braddon est justement d’être capable sur cette trame de rajouter une incertitude, un mystère, qui font qu’on n’est jamais complètement certain de tenir tous les fils de l’intrigue.
Ce roman à ce titre est pour moi l’un des plus aboutis, avec son intrigue solide et son sujet finalement assez original. Je le préfère même au plus célèbre “Secret de Lady Audley”.
Et je vous rejoins aussi sur la poursuite du suspect : ce long passage du roman est particulièrement jubilatoire : une “poursuite victorienne”, qui révèle elle aussi une belle surprise narrative.
Je suis très heureux que vous ayez aimé ce roman, merci à vous de m’en avoir fait part !
A très bientôt.
Merci pour votre lecture, toujours excellente.
L’histoire, même si on devine rapidement la solution, est vraiment bien menée, et d’une modernité surprenante, par exemple dans les chapitres consacrés à la poursuite du suspect.
Cher Vincent, j’avais également écouté Vixen il y a quelques mois, plus léger dans le ton, et Le Secret de Lady Audley. Je crois que c’est celui-ci que j’ai préféré, même s’ils sont très réussis aussi. Je jetterai une oreille du côté des lectures de Cocotte et Daniel, merci du conseil, en attendant vos prochaines lectures.
Merci Gaëlle, cela me fait bien plaisir que vous ayez aimé ce roman. Comme vous le dites, on comprend assez vite les ficelles de l’intrigue. Mais rien n’est jamais dit explicitement. Et cela donne des situations particulièrement riches et savoureuses : par exemple la traque de l’assassin par Margaret et la confrontation longtemps attendue qui s’ensuit !
J’ai épuisé avec “Vixen” les romans vraiment intéressants (à mon sens) de ME Braddon, mais vous en trouverez d’autres fort bien lus par Daniel ou Cocotte. Peut-être lirai-je plus tard “Le testament de John Marchmont” et ce sera tout. En attendant, dès que j’aurai fini “1984”, je vous proposerai cette année “La bienfaitrice”, d’Elizabeth Von Arnim, qui devrait vous plaire.
A très bientôt et merci pour votre soutien !
Une belle lecture, comme à votre habitude, cher Vincent, qui m’a accompagnée pendant plus de deux semaines, soir après soir. Encore une histoire comme sait si bien les raconter ME Braddon dont on comprend très vite les dessous, et qui pourtant réussit à maintenir l’intérêt jusqu’à la fin !
Merci beaucoup du temps que vous consacrez pour partager ces longs romans, je ne les aurai sans doute jamais ouverts seule ; votre voix est maintenant attachée dans mon esprit à ces romans victoriens.
Merci à vous Hélène,
Miss Braddon et moi-même sommes heureux de faire votre connaissance :-). Vous avez eu la main heureuse car il y a beaucoup de bons romans de cette auteure sur notre site, lus par moi ou par d’autres donneurs de voix. Je vous souhaite de très agréables découvertes et je vous dis à bientôt !
Amicalement