« La vieille la regarda d’un air triomphant. « Tu vois ce que j’ai fait de ton beau château et de tes jardins, damoiselle de Ker-Armel ? dit-elle. Va maintenant ! va garder tes moutons sur la lande ! » Elle frappa de sa baguette les neuf frères, qui, à l’instant, devinrent neuf moutons blancs. »
« Lévénès, sans raconter entièrement son histoire, ne laissa point ignorer son nom. « Je suis, lui dit-elle, la fille du seigneur de Ker-Armel. Par suite de grandes infortunes, il ne me reste plus, de tout ce que je possédais, que cette lande inculte, où je vis à la grâce de Dieu, avec mes chers petits moutons. –Venez avec moi dans mon château, s’écria le seigneur, et amenez-y vos moutons, puisque vous semblez tant les aimer. Je ne puis supporter la pensée de vous voir ainsi abandonnée dans cette solitude, exposée à toutes les injures du temps. Quand viendra l’hiver, vous y mourrez de froid et de faim. Venez, je vous en prie, dans ma demeure, vous y serez traitée avec tous les égards qui vous sont dus. » Mais Lévénès refusa ; elle était trop fière et trop sage pour accepter les bienfaits d’un étranger. En vain le seigneur insista, il ne put vaincre sa résistance. »
Ce septième conte fait partie du recueil “Contes du Pays d’armor”, et fait suite aux “Danseurs de Nuit“.
MM. Bouisset, Bourgain, Lanos, illustration pour les Contes du Pays d’Armor (1890)
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