« Un jour que le jeune prince, si vaillant et si beau, revenoit de la pêche, accablé de chaleur et de fatigue, il se rendit dans une chambre écartée, afin de n’être pas dérangé par le bruit, et se jeta sur un lit pour reposer. La reine étoit dans ses appartements occupée à instruire la jeune personne ; sitôt que cette dernière est instruite de l’arrivée de son ami, sans dire mot et sans être accompagnée de personne, elle se rend de suite dans la chambre où reposoit le prince. Il la reçut avec d’autant plus de plaisir, qu’il ne l’avoit pas vue de la journée. La jeune personne, fort innocente, ne croyant pas mal faire, s’assit près son ami, puis se couche à ses côtés. Elle lui donne cent baisers délicieux ; malheureusement pour eux, nos deux amants restèrent trop long-temps dans cette position. La reine s’étant aperçue de la disparition de sa fille, courut après elle et la trouva bientôt, puisque la porte de la chambre n’étoit pas fermée. En voyant ces deux amants étroitement serrés dans les bras l’un de l’autre, elle connoît leur amour et se doute bien de ce qui venoit de se passer. »
Ce lai est le dernier du recueil et fait suite au lai de Graelent.
Maître Jean de Papeleu (1285-1292), enluminure représentant Marie de France, BNF
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