En Bretagne… La côte sauvage…
« Les trois gabelous, debout sur le sentier sinueux qui court tout le long de la côte, tendirent l’oreille et essayèrent de percer des yeux la nuit épaisse.
« Pour sûr, j’entends nager, murmura la Vieux après un silence ; mais c’est drôle – on dirait que les rames sont emmitouflées… c’est du velours – ça ne clapote pas sec. »
La nuit couvrait tout cela. Du haut de la falaise on pouvait suivre la longue frange d’écume qui bordait la côte, les laines courtes coiffées d’aigrettes lumineuses. Rien ne tranchait sur la mer brune que le bris de la houle. Épaulant leurs fusils, les trois gabelous dévalèrent le long du sentier pierreux qui descend du haut de la falaise au fond de la plage noire. Leurs godillots s’attachaient dans la boue ; les canons bronzés de leurs flingots dégouttaient d’eau ; et ils marchaient à la file, trois cabans sombres. À mi-chemin ils s’arrêtèrent, penchés sur le bord – et restèrent pétrifiés de surprise, les yeux fixes. »
Un conte extrait du recueil Cœur double…
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