De très belles pages dans Les Sentiments filiaux d’un parricide où la relation du suicide d’un ami (ou presque) de Marcel Proust se mêle de considérations générales sur la mort et la folie et de réminiscences littéraires.
« Si j’ai répété avec insistance ces grands noms tragiques, surtout ceux d’Ajax et d’Œdipe, le lecteur doit comprendre pourquoi, pourquoi aussi j’ai publié ces lettres et écrit cette page. J’ai voulu montrer dans quelle pure, dans quelle religieuse atmosphère de beauté morale eut lieu cette explosion de folie et de sang qui l’éclabousse sans parvenir à la souiller.
J’ai voulu aérer la chambre du crime d’un souffle qui vînt du ciel, montrer que ce fait-divers était exactement un de ces drames grecs dont la représentation était presque une cérémonie religieuse et que le pauvre parricide n’était pas une brute criminelle, un être en dehors de l’humanité, mais un noble exemplaire d’humanité, un homme d’esprit éclairé, un fils tendre et pieux que la plus inéluctable fatalité – disons pathologique pour parler comme tout le monde – a jeté le plus malheureux des mortels dans un crime et une expiation dignes de demeurer illustres. »
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