Marcel Proust (1895)

Le Côté de Guermantes

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Je dédie cette lecture à mon épouse Susan, récemment disparue, elle qui pensait (non sans un clin d’oeil) que c’était du temps perdu.

Le côté de Guermantes est le troisième volume de la Recherche. Fidèles au conseil éclairé d’Antoine Compagnon de l’Académie française (« Le bon lecteur est celui qui a du nez, tel un chien de chasse reniflant les indices et filant sa proie. »), Max, mon teckel à poil dur, et moi abandonnons (à regret) Balbec et la petite bande des jeunes filles en fleurs. Cap sur les salons parisiens et leurs mondanités !

Mais, au contact du baron de Charlus, « grand inquisiteur peint par le Greco », et du duc de Guermantes qui brandit « son Velasquez », notre duo est repris par son tropisme ibérique. La sonate de Vinteuil s’estompe au profit d’une sérénade espagnole. Les clochers de Martinville font place aux moulins à vent du coteau Calderico.

Entre deux silhouettes vieillies et fourbues qui vont l’amble de Rocinante, la lance du Chevalier à la Triste Figure n’est qu’un micro qui s’est éteint.

6 Commentaires

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  1. Cher Jean-Pierre, vous savez que je viens de réécouter ce tome, et vous me pardonnerez, je pense, de ne pas refaire un tour de piste dans ces aristocratiques salons… Mais je n’ai pas résisté à l’envie d’écouter la fin. Votre belle voix rivalise avec celle de Guillaume Galienne, Jean-Pierre, et le dernier dialogue est vraiment très savoureux… Vous campez un Duc parfaitement insupportable. J’ai remarqué (ce que je n’avais pas remarqué jusqu’alors) que le Duc, s’adressant à Swann, ne cesse d’utiliser le mot “mort” dans le sens figuré : “Oriane arrivera morte”, “je meurs de faim”… Le diable et Marcel sont dans les détails. 🙂

    1. Bonjour Pauline,
      Je comprends aisément que, dans ces circonstances, vous ayez commencé par la fin pour vous éviter un nouveau « tour de piste »… de près de 29h, tout de même, chez les Guermantes. J’aimerais, cependant, mettre en garde ceux dont ce serait le premier contact avec l’oeuvre contre cette méthode à la hussarde qui les ferait passer à côté du charme de Marcel Proust.
      Votre aimable comparaison de « mon duc » avec celui de Guillaume Galienne est fort flatteuse. Ce personnage au verbe haut (tout comme un Charlus ou un Legrandin) est l’un de mes préférés. Mais, il présente le double danger pour le ddv d’en faire « trop » ou de n’en faire « pas assez ». Votre commentaire me rassure sur le dosage. Merci infiniment.

Lu par Jean-Pierre BaillotVoir plus

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