En 1876, Mallarmé dans son églogue, L’Après-midi d’un faune, nous conte, en des vers parfois très obscurs, les désirs et les rêves d’un faune se mouvant à travers des décors successifs dans la chaleur d’un après-midi. Las de poursuivre nymphes et naïades, il s’endort et ses songes réalisent, grâce à sa flûte, ses souhaits de possession totale.
« Rien peut-être n’est allé si loin que L’Après-midi d’un faune dans cette voie de la poésie pure. L’émanation de musique et de ballet que le poète projeta d’en dégager, notre lecture, du papier seul, suffit à l’exhaler. Les visions et les ombres qui fuient de la flûte, de la plainte et de l’extase du faune réalisent autour de l’œuvre ces nuées renouvelées d’air limpide et d’or vivant : sur ce théâtre de pensée, la forme et le sujet, le poème et la Poésie, s’unissent, eux aussi, pour notre joie de les percevoir, simples, infiniment, sur la terre, d’oublier que rien d’autre soit. » (Article d’Albert Thibaudet, à conseiller pour éclairer le poème. )
Quinze ans plus tard, Debussy écrit dans le programme imprimé du Prélude à l’après-midi d’un faune : « La musique de ce Prélude est une illustration très libre du beau poème de Stéphane Mallarmé. »
Ressemblance sûrement voulue : l’œuvre musicale compte 110 mesures et le poème est composé de 110 alexandrins. Nous vous offrons les deux dans leur intégralité.
Claude Debussy, Prélude à l’après-midi d’un faune, interprété par l’Orchestre Philharmonique de New York, dirigé par Leonard Bernstein (1960, domaine public).
Remarquez au passage combien nous avons progressé depuis 1876, aujourd’hui c’est « L’après-midi d’un iPhone ».