Dans L’Avenir, dernier essai du Temple enseveli, Maeterlinck écrit :
« Le Temps est un mystère que nous avons arbitrairement divisé en passé et en avenir, pour essayer d’y comprendre quelque chose. En soi, il est à peu près certain qu’il n’est qu’un immense Présent, éternel, immobile, où tout ce qui a eu lieu et tout ce qui aura lieu a immuablement lieu, sans que demain, excepté dans l’esprit éphémère des hommes, se distingue d’hier ou d’aujourd’hui. On dirait que l’homme eut toujours le sentiment qu’une simple infirmité de son esprit le sépare de l’avenir. Il le sait là, vivant, actuel et imparfait, derrière un espèce de mur autour duquel il n’a cessé de tourner depuis les premiers jours de sa venue sur cette terre. Ou plutôt, il le sent en lui, et connu d’une partie de lui-même, sans que cette connaissance, pressante et inquiétante, puisse parvenir, à travers les canaux trop étroits de ses sens, jusqu’à sa conscience, qui est le seul lieu où une connaissance acquière un nom, une force utilisable, et pour ainsi dire droit de cité humaine.
C’est seulement par lueurs, par des infiltrations fortuites et passagères, que les années futures dont il est plein et dont les réalités impérieuses l’entourent de toutes parts pénètrent en son cerveau. Il s’étonne qu’un extraordinaire hasard ait clos presque hermétiquement à l’avenir ce cerveau qui y plonge tout entier. […] »
Maurice Maeterlinck – détail du tableau de Théo van Rysselberghe, La lecture par Émile Verhaeren (1903).
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