Cette tourbillonnante nouvelle de Ludovic Halévy (1834-1908) fait partie du recueil de nouvelles Karikari paru en 1892.
« Tu crois peut-être, Dieu me pardonne ! que c’est à cause de ton mérite que je t’ai choisi, voulu. Tu serais loin de compte, mon pauvre ami ! C’est, tout au contraire, à cause de ton absence de mérite… M. de Courtalin, à la bonne heure, voilà un homme de mérite ! J’avais, du matin au soir, les oreilles rebattues du mérite de M. de Courtalin, et c’est pour cela que je l’avais pris en haine… Ce que je redoutais par-dessus tout, c’était cette espèce de mari qui s’appelle un homme supérieur. Et maman s’y prenait bien mal pour me gagner à son candidat, quand elle me disait : « C’est un homme très instruit, très sérieux, très laborieux, très distingué ; il a eu une jeunesse admirable, il a été le modèle des fils ; il sera le modèle des maris… » Cela me faisait frissonner d’entendre maman parler ainsi… Je ne connais rien de plus affreux que ces gens qui ont toujours, toujours raison, qui font preuve en toute circonstance d’un imperturbable bon sens, qui nous écrasent de leur supériorité. Avec Gontran je suis tranquille, bien tranquille… »
Ajoutez un commentaire !
C'est la meilleure manière de remercier les donneurs de voix.