De la trentaine des Rêveries d’un païen mystique de Louis Ménard sont extraits un texte religieux et un texte politique.
Dans Le Jour des Morts, le philosophe essaye de nous faire comprendre un mystère :
« Les philosophes et les lettrés se perdent en conjectures pour deviner comment les religions commencent, et quand ils pourraient assister à cette genèse, ils ne veulent pas ouvrir les yeux. »
Il écrit : « le peuple de Paris est le plus religieux de tous les peuples. Sa religion c’est le culte des morts. C’est à Paris que s’est établi l’usage de se découvrir devant un cercueil. Tous les ans, au commencement de ce triste et brumeux novembre […] on se disperse dans le dédale des pierres funéraires, et chacun cherche ses tombes pour y déposer l’offrande de pensées et de chrysanthèmes, les dernières fleurs de l’automne. »
« À ceux que leur famille a repoussés, il reste la grande famille humaine. »
Le Gouvernement gratuit se présente sous forme d’un dialogue entre Jacques (« Il devrait être très riche, car il est honnête et laborieux : mais il s’est toujours laissé gruger par ses intendants ») et sa marraine : « une bonne fée nommée la Révolution. Comme elle était détestée d’un tas de gens, à qui elle reprochait leurs vices, elle s’est retirée dans le pays des Fées. Jacques va quelquefois la consulter, et elle lui donne de bons conseils qu’il ne suit jamais ».
Des répliques parfois savoureuses et pleines de vérité :
« Jacques. Mais comment, à Athènes, les citoyens pauvres pouvaient-ils passer leur temps à l’assemblée, puisqu’ils étaient obligés de travailler pour gagner leur vie ?
La Fée. On les indemnisait de leur journée avec trois oboles ! »
ou encore :
« Ton père et le père de ton père étaient écrasés sous la triple tyrannie du roi, de la noblesse et du clergé. J’ai voulu t’en affranchir (dit la Révolution) : à qui a profité ma victoire ? Uniquement à l’exécutif ; au lieu d’une noblesse héréditaire, tu as une aristocratie de fonctionnaires nommés par le pouvoir. Tu n’es pas plus libre et tu payes encore plus cher. »
Consulter les versions textes de ce livre audio : Le Jour des Morts, Le Gouvernement gratuit.
Émile Friant, La Toussaint (1888).
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