Le romancier brestois Louis Hémon (1880-1913) est célèbre grâce à son principal roman Maria Chapdelaine (1912), la gloire du Canada francophone. Les nombreuses nouvelles, publiées de son vivant, à la fois lyriques et réalistes, indignées, émouvantes ou humoristiques, qui font penser à Maupassant, sont peu connues, tels La Belle que voilà et Le Clown.
La Peur
« Je vais vous raconter une histoire que vous ne croirez pas. Elle concerne un homme qui vécut fort paisiblement de ses rentes, fut considéré toute sa vie comme parfaitement normal et bien équilibré, jouit jusqu’au bout de l’estime de ses égaux et du respect de se fournisseurs, et mourut étrangement. »
La Foire aux vérités
À une jeune évangéliste qui vient lui dire : « Ce qui est difficile, c’est de quitter les voies de l’erreur ; mais si vous suivez le Christ, les voies sont aisées, car il a dit : « Mon joug est facile et mon fardeau est léger. Et il n’y a de mérite qu’en lui. »»,
le vieux cordonnier répond :
« C’est ça, fit-il, bien sûr ! Nous sommes tous après la vérité ; mais c’est si difficile ! Il y en a de toutes sortes des vérités, des petites et des grandes, et il y a une vérité pour chacun, mais combien est-ce qu’elles durent ? Moi qui vous parle, j’ai vu la vérité face à face, comme vous, même plusieurs fois et, chaque fois, c’était une vérité différente ; mais j’ai vécu trop vieux et mes vérités sont mortes. »
Carl Schleicher, Le Cordonnier
Merci et tous mes voeux de bonne année 2017.