Parue dans la Revue de famille en 1890, une drôlatique nouvelle d’amour de Léopold von Sacher-Masoch (1836-1895).
« — Une autre difficulté, c’est le caractère de cette jeune fille. Roxane est d’un orgueil sans pareil. Il est vrai que ce défaut, si c’en est un, est tempéré, et même justifié, par un esprit très supérieur, uni à un courage singulièrement viril.
— Mais, alors, s’écria Silvan enthousiasmé, Roxane n’est pas seulement la plus belle, elle est aussi la plus intéressante, la plus accomplie, la plus ravissante créature !
— C’est aussi mon avis, dit gravement Zagorski en tirant de gros nuages de sa pipe. D’ailleurs, tu sais que je connais bien les femmes. Je suis sûr qu’au fond Roxane est tout à fait bon enfant.
Nous pouvons donc tenter la fortune.
— Alors, conseillez-moi. Qu’est-ce que je dois faire?
— Doucement, nous verrons ; cela dépendra des circonstances. Je te présenterai moi-même au château; mais, avant tout, tâche, à tout prix, de parler à Roxane. Ce n’est pas une affaire. Elle ne
te mangera pas.
— Tant pis! par l’adorable Roxane, je me laisserais manger très volontiers ! »
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