Les Chants de Maldoror étaient signés par le Comte de Lautréamont, pseudonyme d’Isidore Ducasse qui reprend son nom comme auteur de Poésies I et Poésies II (1868) qui auraient sans doute été intitulées, si Ducasse n’était pas mort en 1870 à 24 ans, Préface d’un livre futur parce qu’il n’y a nulle trace de vers dans ce récit en grande partie consacré aux poètes.
Poésies I commence par cette épigraphe : « Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l’espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme et l’orgueil par la modestie », mais il est difficile de ne pas constater qu’en parfait désaccord avec ses contemporains, Ducasse, avec sa tonalité pamphlétaire, est « méchant » à l’égard des célébrités de l’époque :
« Depuis Racine, la poésie n’a pas progressé d’un millimètre. Elle a reculé. Grâce à qui ? aux Grandes-Têtes-Molles de notre époque. Grâce aux femmelettes, Chateaubriand, le Mohican-Mélancolique ; Sénancourt, l’Homme-en-Jupon ; Jean-Jacques Rousseau, le Socialiste-Grincheur ; Anne Radcliffe, le Spectre-Toqué ; Edgar Poe, le Mameluck-des-Rêves-d’Alcool ; Mathurin, le Compère-des-Ténèbres ; Georges Sand, l’Hermaphrodite-Circoncis ; Théophile Gautier, l’Incomparable-Épicier ; Leconte, le Captif-du-Diable ; Goethe, le Suicidé-pour-Pleurer ; Sainte-Beuve, le Suicidé-pour-Rire ; Lamartine, la Cigogne-Larmoyante ; Lermontov, le Tigre-qui-Rugit ; Victor Hugo, le Funèbre-Échalas-Vert ; Mickiewicz, l’Imitateur-de-Satan ; Musset, le Gandin-Sans-Chemise-Intellectuelle ; et Byron, l’Hippopotame-des-Jungles-Infernales. »
Quand Ducasse leur reproche d’avoir « chanté le mal », il semble oublier que Lautréamont a écrit les beaux Chants de Maldoror.
Qu’en pensez-vous ?
Ajoutez un commentaire !
C'est la meilleure manière de remercier les donneurs de voix.