À la différence de Hamlet, ou La Piété filiale et des autres Moralités légendaires, Jules Laforgue situe la deuxième à l’époque contemporaine, sans doute à Baden-Baden. Le Miracle des roses est une œuvre complexe, où l’intention parodique est manifeste ; des éléments autobiographiques entrent dans cette fiction au décor réaliste, pleine de références intellectuelles et évoquant, selon certains, Sainte Elisabeth de Hongrie tenant toujours des roses à la main.
L’héroïne de ce faux miracle, Ruth, est « un être de crépuscule », à la fois tuberculeuse romantique (comme La Dame aux camélias) et femme fatale qui sème les morts sur son passage et se nourrit de ce sang versé pour elle (cf. l’épisode de la corrida).
Un récit qu’il faut décrypter sans jamais oublier l’ironie du poète et son désir de désacralisation, quand il décrit cette charmante petite hystérique.
« Phtisique, hallucinée : quoi qu’il en soit du fond de tout ce romanesque, la jeune dame « n’en a pas pour longtemps », comme on se permet de le siffloter dans les sous-sols de l’hôtel, à l’office (cet étage est sans pitié). (sic) […] Et voilà le grand secret lâché ! Cette Ruth, cette charmante agonisante, par une insondable fatalité, passe sa vie à répandre le suicide sur son chemin, sur son chemin de croix. »
Oh, oh ! encore un cadeau de Grand René ! Prenons, prenez vite avant que le gratuit de qualité ne soit interdit et fustigé.
Vous croyez que j’exagère ?
Hélas non, des exemples existent. Pas dans certains romans, mais dans la société française actuelle.