Anonyme, Portrait d'Emmanuel Kant (ca. 1790)

D’un prétendu droit de mentir par humanité

« Il suffit donc de définir le mensonge une déclaration volontairement fausse faite à un autre homme, et il n’y a pas besoin d’ajouter cette condition, exigée par la définition des jurisconsultes, que la déclaration soit nuisible à autrui (mendacium est falsiloquium in præjudicium alterius). Car, en rendant inutile la source du droit, elle est toujours nuisible à autrui, sinon à un autre homme, du moins à l’humanité en général. […] »

Traduction : Jules Barni (1818-1878).

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Livre audio gratuit ajouté le 03/12/2015.

12 Commentaires

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  1. Bonjour Rodica,
    Si je comprends bien le début de votre histoire, il semblerait que “le type B” ne commette nullement un “mensonge nécessaire” mais simplement une “erreur involontaire” due à un accident imprévisible dans la vie de “la dame R”, laquelle doit changer ses plans et cela complique la vie de plusieurs…
    De là à en tirer la conclusion qui vous est venue à l’esprit me laisse pantoise.
    Je ne peux, non plus, pénétrer la subtile performance des fourmis anglaises et laisse à chacun le plaisir de démêler cette intrigue.
    Merci Rodica

  2. J’ai un problème à comprendre la notion de « mensonge nécessaire ». Je vais vous donnez un exemple et vous allez confirmer ou infirmer la justesse de mon jugement: un type nommé B ment à propos d’une dame R. Il dit qu’elle va partir en voyage dans une ville où il connait beaucoup de monde, des gens très influents. Il appuie son mensonge sur une conversation téléphonique que R a eu avec un de ses parents éloigné, habitant la même ville. Mais Dieux se moque et fait que R se casse une dent, le jour même de la conversation téléphonique. Elle va chez le dentiste avec l’argent destiné au voyage. Le jour du voyage, au lieu d’arriver à la gare, elle donne un coup de fil à son parent, pour s’excuser du fait qu’elle ne vient plus. Mais comme il ne fait pas trop tard, elle sort pour une randonné dans le quartier. Les voisins sont contrariés, les élèves vexés , les modérateurs TV ennuyés et les politiciens énervés. L’agitation de neurones rend l’atmosphère très chaude.
    La conclusion de mon analyse est que ce mensonge est inutile, B veut seulement sauver son honneur car il s’est engagé dans un projet qui a échoué ( de faire croire au monde que R est une autistique prostituée nymphomane), elle nuit à la réputation de R sans rien apporter à l’humanité. Au contraire les consciences de ceux qui doivent mentir pour accomplir le « un pour tous et tous pour un » son sérieusement alourdies. Il y a une seule catégorie d’être animés qui profite de ce mensonge, c’est les fourmis anglais ( ou de langue anglaise) qui vont recevoir le K comme dans le nom du grand Kant.
    Si vous aimez le trame de cette intrigue vous pouvez en tirer un roman, une nouvelle ou seulement un blague.
    Merci Bruissement

  3. Cher Igor, votre démarche est tout à fait judicieuse, après avoir écouté Ahikar et les mensonges nécessaires, il est bien sûr intéressant de se demander si l’on peut mentir par humanité. Le nœud du problème est là: qu’en penser? Chacun y réfléchit avec ses propres lumières.
    Selon Kant, on ne peut mentir en aucun cas, car tout mensonge cause du tort, sinon à une personne en particulier, du moins en général à l’humanité tout entière, et contribuer à l’existence du mensonge, c’est décrédibiliser la parole de tous. Si l’on se permet des exceptions à l’expression de la véracité, la vérité n’est plus le principe absolu, qu’elle doit être, le pilier intangible des relations humaines, celui qui permet la confiance des uns envers les autres.
    Pour Kant le vrai mal est là. Tandis que, susciter des troubles à une personne en disant la vérité, ce n’est qu’un effet du hasard, des circonstances, et non de la vérité elle-même qui est un bien, donc celui qui dit la vérité n’est pas coupable du dommage occasionné.

    Pour Kant, personne ne peut exiger que l’on mente pour lui, ce serait affaiblir nettement le principe d’égalité qui doit régner entre les hommes. On ne peut pas dire: je dis la vérité à l’un mais pas à l’autre qui est méchant et ne le mérite pas. On doit traiter tout le monde de la même manière, en disant à tous, toujours la vérité, par égard pour tout homme.

    Cher Igor, je ne sais si mes explications vous seront claires mais j’ai bien aimé parler avec vous sur une question difficile et assez épineuse.
    Dans la vie ce genre de situation arrive, y réfléchir n’est pas inutile.
    Merci pour vos vœux et Bonnes fêtes à vous aussi.

  4. Après avoir écouté Hahikar et les mensonges nécessaires j’ai été interessé d’écouter ce texte
    .je voulais savoir si on peut mentir par humanité si c’est necessaire, mais j’ai eu un peu de mal à comprendre Kant, c’est trop difficile pour moi. peut_etre que vous pourrez m’expliquer?
    Bonnes fêtes à vous

  5. @ Rodica Cretu
    Grand merci pour l’intérêt que vous manifestez pour le sujet.
    Tout d’abord je précise que le passage que vous utilisez pour votre déduction n’est pas de Kant mais de Benjamin Constant que Kant cite pour le réfuter.
    Quant à votre déduction, à savoir “ne pas dire toute la vérité est un mensonge aussi”, elle me semble un peu rapide. Un mensonge c’est dire volontairement quelque chose de faux, et comme vous le dites vous-même, un mensonge est “hautement nuisible”, alors que ne pas dire toute la vérité, c’est autre chose.
    Je dirais même qu’il est carrément impossible de dire toujours et partout toute la vérité! Car qu’est-ce que la vérité? Comment la cerner? Et même en parlant de véracité comme Kant, on ne voit pas où serait le mal de ne pas la divulguer tout entière constamment?
    J’avoue ne pas connaître l’exemple que vous donnez, à propos de la femme aux diamants

  6. @ gauthierT
    Merci pour votre retour! Votre satisfaction me fait bien plaisir puisque c’est déjà pour vous, qui la désiriez, que cette lecture a été faite.
    Et c’est très volontiers que je lirai les autres textes de Kant, que vous avez proposés en suggestion de lecture, mais plutôt l’année prochaine…J’aurai bien peu de temps d’ici là.

  7. « Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris d’une manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu’a tirées de ce premier principe un philosophe allemand, qui va jusqu’à prétendre qu’envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu’ils poursuivent n’est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime.”
    Dans ce cas, ne pas dire toute la vérité represente une mensonge aussi. Par exemple, pour la femme qui donne tous ses bijoux en or et diaments aux autres, le problème de la source du droit est sans importance donc le mensonge inutile mais hautement nuisible.

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