Jules Janin (1804-1874), journaliste, surnommé « le prince des critiques » écrivit aussi romans et nouvelles et succéda à Sainte-Beuve en 1870 à l’Académie française. Son style ne manque pas d’humour, comme on peut le constater dans Une histoire de revenant :
« Comme personne n’était venu là pour se mettre en scène, on ne parla de rien, c’est-à-dire qu’on parla de toutes choses : poésie, politique, amour même ; si bien qu’à force de déraisonner, et les imaginations se chauffant à mesure que le champagne se frappait de glace, on en vint à parler de revenants.
Un des nôtres, un Anglais, homme tout froid au dehors, un de ces heureux du monde qui savent boire sans être jamais ivres, et manger sans jamais engraisser ; du reste, implacable goguenard, en un mot, dangereux comme un Anglais qui a lu Voltaire ; celui-là donc, nous entendant parler de revenants, nous déclara avec un grand sang-froid qu’il avait connu un homme qui était l’ami d’un autre homme qui avait vu un revenant. »
Dans Le philanthrope au bagne de Brest :
« Ce bagne est un vaste hangar divisé en plusieurs rangs de lits de camp sur lesquels les forçats sont enchaînés. Le premier aspect de cette prison est horrible. Vous vous trouvez là au milieu de tout ce que la société a d’infect, au milieu de tout ce qui s’appelle faussaires, voleurs, assassins de grands chemins, homme à la figure blême et pâle, qui n’ont plus de sourire que lorsque quelque horrible souvenir ou quelque récit infernal vient à leur rappeler leur nature première. » il jette un regard sévère sur la société de 1850.
Consulter les versions textes de ce livre audio : Une histoire de revenant, Le philanthrope au bagne de Brest.
J’aime beaucoup la chute particulière d'”Une histoire de revenant”, on ne s’y attend pas !
Merci pour cette lecture M. Depasse (ça date de 2011, mais je découvre toujours ce site…)