Marthe, histoire d’une fille est le premier roman naturaliste publié par Huysmans en 1876. La société sans pitié pousse une jeune parisienne, pour survivre, à se laisser glisser jusqu’à l’« odieux métier […] qui vous jette, de huit heures du soir à trois heures du matin, sur un divan […], qui vous force à vous étendre près d’un affreux ivrogne, à le subir, à le contenter ». Le vieux cabotin Ginginet en fait la vedette de Bobino ; mauvaise comédienne, elle quitte la scène et s’amourache de Léo, un poète, qui souffre de son inculture et elle retombe dans la débauche. Le roman relate la destinée de ces trois personnages. Le dernier mot sera peut-être dans la bouche de Léo disant : « Les filles comme elle ont cela de bon qu’elles font aimer celles qui ne leur ressemblent pas ».
Les milieux décrits sont sordides ; tout est misère ou luxure mais le style de Huysmans est éblouissant de vérité. Deux exemples :
« Son grand peignoir de gaze remontait avec le mouvement des bras et laissait un large espace entre sa pâle vapeur et le granit des chairs ; les seins se redressaient aussi dans cet enlèvement des coudes et leurs orbes bombaient, blancs et durs, dans des frises de rosettes. Une raie filant de la nuque, un peu renversée, se brisait dans ces plis ondulants qui relient les hanches et, sillonnée d’une courbure profonde, la croupe renflait ses neigeuses rondeurs sur deux jambes que rosait au-dessus du genou le serré des jarretières. »
« Il regarda sa chambre qui était restée telle que le jour où il l’avait quittée. Les bottines étaient échouées dans les fleurs du tapis les pointes en l’air, les quartiers en bas ; la couche était défaite, les couvertures fouillonnées au hasard des plis, le couvre-pied tamponné et tassé dans la ruelle, les oreillers aplatis, les cornes en avant. Tout accusait le désordre du lever, les épingles à cheveux dans une coupe, les pantoufles égarées dans chaque coin, la camisole pendant au dos d’un fauteuil, la cuvette pleine d’eau savonneuse, l’odeur du renfermé, le parfum de l’eau de Botot avec laquelle on s’est rincé les dents, l’arôme fin du Chypre qui fuyait du flacon mal bouché etc. »
Jean-Louis Forain, Marthe (1879).
Bonjour cher Ahikar ,
Merci infiniment votre aide et ces informations en faveur de l auditeur et DDV du site .
Un agréable week-end , pleine de santé .
Bien cordialement,
Ahmed
Bonjour à tous, bonjour cher René, 🙂
Je signale un remarquable site sur Huysmans, avec un très grand choix d’œuvres disponibles en téléchargement au format PDF, et notamment Là-bas, ce grand roman sur le satanisme, curieusement absent sur notre site.
http://www.huysmans.org/fr/ebooksf.htm
Amitiés, 🙂
Ahikar
Bonjour ,
Que dire car je vous admire depuis longtemps et dans tous les genres de littérature ,merci pour la découverte des œuvres russes ,américaines et bien sur françaises .Je vous souhaite le meilleur pour vous et votre entourage . A demain .
Merci Corinne et Hervé de garnir mon sapin de Noel d’Huysmans et de Dostoievski.Auriez-vous des voeux personnels d’un texte non encore enregistré?
Cher Monsieur Depasse, Vous avez vraiment un don pour lire Huysmans et les romanciers de cette fascinante époque littéraire! Bravo
Quel bonheur que ce texte et merci mille fois pour votre lecture qui le rend encore plus atrayant.
Peut-être “l’oblat” prochainement ? (Sourire).
Cher Maldoror,je n’ai pour ma part prévu ni EN ROUTE,ni LA BAS ni LA CATHEDRALE ,les “grands” qui restent.Amicalement
Bonsoir René.
Une lecture d’un autre roman de Huysmans est-elle prévue ?
Mille remerciements.
Maldoror