Eugène Torquet, écrivain américain francophone (1860-1918), romancier et poète symboliste fut, sous le pseudonyme de John-Antoine Nau, le premier lauréat du prix Goncourt en 1903. Valéry Larbaud écrit : « Il faut mettre à part Les Trois Amours de Benigno Reyes qui nous montre John-Antoine Nau dans toute la richesse de son génie de romancier et qui me paraît un véritable chef-d’œuvre. Cette histoire sentimentale (mais écrite sans aucun sentimentalisme) d’un Canarien qui vit dans un petit port de la côte du Chili, ne peut se raconter : elle est trop subtile, elle atteint trop profondément les mystères du cœur. »
Styliste à la mode de Flaubert, il excelle dans les descriptions :
« Par les après-midi brûlants où l’acre souffle du port le suffoquait, l’empoisonnait d’une haleine de peste, il rêva aux fraîcheurs ombreuses des nécropoles des hauts plateaux baignés d’un air si violemment bleu que le crépuscule même des voûtes souterraines se teinte de sombre saphir, se vit ridiculement et béatement accroupi dans une grande jarre funéraire comme les bienheureuses momies de Cajamarca et de Huaraz qui sourient depuis trente siècles… »
« Et au moment où le gros steamer donnait ses premiers coups d’hélice et faisait mousser bruyamment en épaisse et roulante écume l’eau visqueuse et lourde, déjà plus sombre dans le rapide crépuscule tropical aux enveloppantes gazes d’un bleu violâtre, il aperçut — les traits déjà noyés, — mais reconnaissable à la cambrure de son corps d’une grâce unique. — Pepa, Pepa Ramos penchée au-dessus de la lisse du couronnement. »
Des trois amours, celui de Pepa Ramos fait oublier les autres…
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