Jean-Marie Déguignet, autodidacte de la plus humble origine, fut un personnage étonnant. Né en 1834, près de Quimper, il n’alla jamais à l’école et dut mendier jusqu’à l’âge de 10 ans pour aider à faire vivre sa nombreuse famille. Il travailla comme vacher de 12 à 19 ans, et c’est à cette époque que l’apprentissage du français, langue de l’accès au savoir, devient pour lui une obsession. A 19 ans il s’engage dans l’armée pour une durée de 7 ans et découvre que 99% de ses camarades sont illettrés. Après avoir participé à la guerre de Crimée – sur le chemin du retour, lors d’un séjour en Turquie, il profite d’une permission exceptionnelle pour visiter Jérusalem – puis à la campagne d’Italie, il est promu caporal puis sergent. À 27 ans, il se rengage, participe à la soumission de la Kabylie puis à l’expédition du Mexique. De retour à Quimper, il se marie et devient tour à tour fermier, agent d’assurances, puis buraliste, avant de retomber dans la misère, surtout à cause de son anticléricalisme virulent qui le met en porte-à-faux avec une société conformiste et lui vaut l’hostilité de l’Eglise.
En 1897, ayant commencé de rédiger ses mémoires en français, il rencontre Anatole Le Braz qui, ébloui, promet d’en faire publier des extraits. Ce sera le cas, mais seulement en 1904 et 1905, à la veille de sa mort. Ils constituent un témoignage original sur les mœurs de la société rurale et sur la vie militaire au XIXe siècle, caractérisée par la routine et la brutalité d’incessantes punitions, de longs déplacements à pied, ainsi qu’une forte consommation d’alcool. « Mais hélas ! nos gradés d’alors ne savaient commander qu’avec brutalité, grossièreté, colère et souvent haine ou vengeance », déplore-t-il.
Longtemps perdus, ses manuscrits seront retrouvés à la fin du siècle dernier. Une large sélection de ses mémoires sera éditée en 1998 puis en 2001 par les éditions An Here, connaîtra un énorme succès (400 000 exemplaires vendus en France), et sera traduite en plusieurs langues, dont le tchèque et le russe. Déguignet est désormais incontournable pour les spécialistes de sciences humaines qui étudient le XIXe siècle. Je lui voue personnellement une grande admiration.
Mémoires d’un paysan bas-breton
Préface – Mémoires d’un paysan bas-breton
Chap. 01 – Mémoires d’un paysan bas-breton
Chap. 02 – Mémoires d’un paysan bas-breton
Chap. 03 – Mémoires d’un paysan bas-breton
Chap. 04 – Mémoires d’un paysan bas-breton
Chap. 05 – Mémoires d’un paysan bas-breton
Chap. 06 – Mémoires d’un paysan bas-breton
Chap. 07 – Mémoires d’un paysan bas-breton
Chap. 08 – Mémoires d’un paysan bas-breton
Chap. 09 – Mémoires d’un paysan bas-breton
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Livre audio gratuit ajouté le 21/06/2013.
Encore un agréable moment passé en votre compagnie! Merci…
Merci aussi à l’auteur et zut à ceux qui n’ont pas tenu promesse en publiant la suite.
En vous remerciant chaleureusement pour ce moment de voyage et bien sur aux plaisirs que de vous réentendre d’ici peut…
Trollus
Un grand merci, cher Ahikar, pour votre commentaire qui me touche beaucoup. Jean-Marie Déguignet eût aussi été très flatté par vos éloges!
Bien amicalement.
André
Bonjour 🙂
Le premier petit problème technique est corrigé. Un « copier-coller » un peu précipité lors de la mise à jour de la colonne auteur… 🙂
Merci cher Ahikar de nous l’avoir signalé !!!
Bon dimanche,
Ch.
Ouvrage absolument passionnant qui n’a pas pris une ride, contrairement à bien des romans du XIXe siècle, pourtant bien plus connus. Votre lecture est parfaite : vous avez très bien réussi à faire passer la grande admiration que vous lui vouez.
Maints détails croustillants m’ont fait sourire, comme cette phrase : « Ta, ta, ta, ta ! dit la fermière, notre curé défend tous les livres qui ne sont pas bénits, et celui-là ne l’est pas, car je vois des lettres rouges là-dedans. » Heureusement le temps des livres bénits a passé !
Une erreur m’a également fait sourire pendant la campagne d’Italie de 1859. L’auteur écrit au chapitre XIV : « Nous ne nous arrêtâmes pas à Pise. Nous devions aller, ce jour-là, coucher à Pistoia. En sortant de Pise, on remarque au bord de la route la fameuse colonne penchée, considérée comme une des merveilles du monde : elle n’a cependant rien de merveilleux que sa forme colossale et sa position inclinée qui ferait croire aux ignorants qu’elle va tomber, quoiqu’elle soit dans cette position depuis plus de deux mille ans. Elle prouve que les Romains connaissaient bien les lois de l’équilibre des corps. » Je veux bien reconnaître que les Romains connaissaient bien les lois de l’équilibre des corps, mais la construction de la Tour de Pise n’a débuté qu’au XIIe siècle. J’excuse bien volontiers l’auteur dont la dure vie de soldat ne laissait guère de temps pour les visites. 🙂
Je me permets également de vous signaler quelques petits problèmes techniques :
-Le lien « Déguignet » de la colonne auteur renvoie à « Paul Arène ».
– Le chapitre 12 est coupé à 1min20 après la phrase « Ensuite, nous allâmes du côté de ce fameux vallon de Josaphat, où nous devons venir tous un jour. » (Il est en revanche complet dans l’archive Zip.)
-Je vous signale aussi à tout hasard – pour le cas où vous voudriez l’enlever – une phrase redondante à l’avant-dernier paragraphe du chapitre VI : « et bientôt je laissai cette grammaire de côté. »
Merci encore pour cette très belle lecture qui m’a tenu en haleine pendant une semaine, à raison de deux chapitres par soir. Je ne l’oublierai certainement pas de sitôt !
Bien amicalement,
Ahikar
Je vous remercie tous vivement de vos appréciations. Hélas, non, il n’y aura pas de suite, puisque la Revue de Paris ne tint pas parole et ne publia pas la 2e série de ces mémoires. En revanche, les épisodes auxquels vous faites allusion figurent bien dans l’édition de An Here de 1998, dont il existe peut-être une version de poche. Cette édition récente n’est évidemment pas dans le domaine public.
Je viens d’écouter les dix-sept fichiers mis en ligne, mais aucune mention de la guerre en Kabylie ni au Mexique, puisqu’il n’y a que la première partie des mémoires.
La suite serait-elle à venir ?
En tout état de cause, intéressant récit et agréable personnage, toujours humble, toujours humain, toujours modeste, toujours avide de savoir. Quelle jeunesse !
Merci beacoup. Ustedes son muy amables al dejarnos oir estas fabulosas. Obras Muchas Gracias. y felicitacionenes.
Merci pour cette lecture passionnante.
Il me tarde d’écouter d’autres auteurs bretons…
Idem, je crois l’avoir lu il y a quelques années, mais je vais l’écouter.
Merci, André Rannou, et bonne continuation.
BONJOUR, J’ai eu l’occasion de lire ce livre lors de sa sortie, il y à quelques années… il m’avais alors laissé des impressions inoubliables… et, ce matin je le retrouve, grâce à vous, au son agréable de votre voix… merci pour ce grand bonheur. PASCALE