Voyageant en Europe au 19e siècle, un Américain avait écrit dans son journal : « À Genève, il faut voir trois monuments : Saint-Pierre, le Mont Blanc et Merle d’Aubigné. Mais on n’y parvient pas aisément. La cathédrale est souvent fermée, le géant des Alpes caché dans les nuages et l’historien de la Réformation invisible. Cependant, à force de patience et de persévérance, on y arrive ». Si aujourd’hui Merle d’Aubigné est pour de bon injoignable, il est d’autant plus nécessaire de le lire si l’on veut comprendre quelque chose à Calvin, l’historien ayant en quelque sorte vécu plus de cinquante ans dans l’intimité du Réformateur par l’étude constante et de première main de ses lettres et de ses œuvres. La récente mouvance néo-calviniste américaine, recopiée sans discernement par les évangéliques d’Europe, nous offre de Calvin l’image d’un théologien bigot, rageusement attaché aux fameux cinq points du calvinisme. « Or chose étrange, écrit d’Aubigné, Calvin s’indigne contre l’appétit de vouloir sonder les mystères de la prédestination et du conseil éternel de Dieu, et il appelle une rage ce qu’on a nommé plus tard le calvinisme. Le Réformateur repousse cet appétit comme un furieux délire et c’est de ce délire qu’on l’accuse. »
Luther a incontestablement été le fondateur de la Réforme ; Calvin en fut l’architecte, le docteur ayant reçu le don d’édifier sur les fondations un édifice cohérent. La division de l’Histoire de la Réformation par d’Aubigné en deux parties, le temps de Luther et le temps de Calvin, paraît suffisamment justifiée.
Le tome 6 parut en 1875 de manière posthume, son auteur étant décédé en 1872. C’est le gendre de J.-H. Merle d’Aubigné, Adolphe Duchemin (1823-1914), pasteur à Neuilly puis à Lyon, qui se chargera de le publier, d’après les manuscrits laissés (ainsi que les tomes 7 et 8 à suivre). On y trouvera :
Livre 10. Les débuts de la Réforme en Écosse, dont les martyres de Patrick Hamilton et de Georges Wishart constituent d’inoubliables et terribles pivots.
Livre 11. Calvin et les principes de sa réforme : chassé avec Farel de Genève par des notables jaloux et charnels, ce docteur exceptionnel finira par y revenir, sur la requête des chrétiens désireux d’être instruits dans la Parole de Dieu.
Jean-Henri Merle d’Aubigné (1794-1872)
Je quitte Christiane-Jehanne à Genève pour aborder avec vous l’Ecosse. Merci, Romi, d’avoir pris le relais dans cette entreprise de poids. Je me réjouis de commencer l’écoute et J’espère que j’arriverai enfin à comprendre quelque chose à la religion des Ecossais, ça a toujours été un vrai casse-tête !
Bonsoir Sylve,
Effectivement, je suis très contente d’avoir participé à cette entreprise. J’ai beaucoup appris et réfléchi grâce à ce travail. Les protagonistes de cette Réformation me sont devenus familiers et je trouve que l’auteur nous fait découvrir cette période de façon érudite et très vivante.
Bonne lecture.