Le Sage (1668-1747), Marivaux (1688-1769) et Jean-François Regnard (1655-1709) se partagent la scène comique pendant la première moitié du XVIIIème siècle. Ce dernier, grand voyageur épicurien, a beaucoup imité Molière, mais il n’en a pas la profondeur ; il aime les situations burlesques, les coups de théâtre, les traits d’esprit (Le Joueur, Le Légataire universel). Ce Voyage de Normandie est une lettre envoyée à « Artémise » (souvenir de la préciosité), jeune fille à qui il a l’air de faire la cour… qui nous montre sa gaieté franche et communicative.
« Si j’étais bien sûr de votre discrétion, mademoiselle, je vous dirais des choses que vous n’avez pas encore entendues ; mais les filles sont comme les femmes, elles ne vont jamais sans leurs langues ; et je me suis étonné cent fois comment de si grandes langues pouvaient tenir dans de si petites bouches : c’est pourquoi,
De Vernon je me veux taire
Pour le mauvais vin qu’on but ;
Chacun s’y coucha, mais chut ;
Car j’aime en tout le mystère.
Je sais trop comme tout va,
Le monde est fait de manière ;
Je sais trop comme tout va,
L’envie jamais ne mourra. »
Les Normands apprécieront..
Jean-François Regnard.
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