On manque de précisions sur la biographie du Comte J.-A. de Maussion, homme politique et magistrat français.
Son petit livret De la blague parisienne contient des passages inattendus.
« Qui ne sait en France ce que l’on entend par le mot blague ? Et cependant le dictionnaire de l’académie ne l’a pas encore adopté. »
Nous, nous l’entendons comme « farce, histoire plaisante à raconter », mais les sens donnés par le Comte sont autres :
« Je dirai que le mot blague exprime ce qui est le fond à peu près de tout ce qui se dit et se fait en France. La blague, c’est l’art de se présenter sous un jour favorable, de se faire valoir, et d’exploiter pour cela les hommes et les choses : on s’en sert plus ou moins adroitement ; mais tels sont sa tâche, son but, et la définition à peu près de ce qu’elle exprime. »
La majorité de l’article est consacrée à la blague politique :
« La blague fait le politique de toutes les nuances ; c’est l’amour de la blague qui a fait les révolutions de toutes les couleurs ; l’empire même lui dut une partie de sa gloire ; l’empire fut l’âge d’or de la blague. Quel vaste champ Napoléon ouvrait à tous les blagueurs ! On ne retrouvera jamais un homme comme celui-là ; aussi a-t-il été regretté par les hommes les plus opposés, par les amis de la liberté, de l’égalité, du despotisme, du privilège, etc, etc… »
« Le Français est essentiellement blagueur, et le Parisien surtout ; il n’est pas précisément menteur ; ainsi il lui faut un thème, un canevas, un quelque chose sur quoi il puisse travailler sa blague. Qu’on lui procure ce quelque chose, et le voilà content. Pour première condition, il a fallu au blagueur l’égalité.
On peut, à la rigueur, être homme de mérite et blagueur, cela s’est vu ; mais, règle générale, soyez blagueur d’abord pour parvenir, et puis homme de mérite si vous pouvez, cela ne gâtera peut-être rien ; quelquefois l’un a mené à l’autre ; on a eu quelquefois du talent en France pour justifier sa blague. »
Convaincus ?
Que de galbe en ce texte, merci.