Pour peindre La Rose de l’Infante Victor Hugo « semble avoir dans l’Escurial ramassé le pinceau de Velazquez » (Th. Gautier). Le poème évoque le seizième siècle espagnol avec Philippe II « le hibou » symbole de la puissance absolue, héritier de Charles-Quint « le vautour ». Dans son château d’Aranjuez, le roi d’Espagne sourit à la pensée de l’invincible Armada qui s’avance vers l’Angleterre, pendant que sa fille de cinq ans voit s’effeuiller, sans comprendre, sa rose épanouie comme est dispersée la flotte de son père, parce que « Tout sur terre appartient aux princes, sauf le vent. »
Fragilité et désarroi de l’enfant, satanisme effrayant du roi orgueilleux, image de l’Inquisition et de la mort, leçon morale montrant les limites du pouvoir même absolu admirablement exprimés dans ce grand poème de La Légende des siècles.
« Elle est toute petite ; une duègne la garde.
Elle tient à la main une rose et regarde.
Quoi ? que regarde-t-elle ? Elle ne sait pas. L’eau,
Un bassin qu’assombrit le pin et le bouleau ;
Ce qu’elle a devant elle ; un cygne aux ailes blanches,
Le bercement des flots sous la chanson des branches,
Et le profond jardin rayonnant et fleuri ;
Tout ce bel ange a l’air dans la neige pétri. »
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