Edward Edwards, Garden Gate of Strawberry Hill (1774)

Le Château d’Otrante

En 1764, on publie à Londres un texte bien curieux, la traduction en anglais d’un manuscrit du 16e siècle, écrit en lettres gothiques par un obscur moine italien et relatant des faits pour le moins surprenants survenus peu après la première croisade. Une histoire de malédiction familiale, qui à l’époque aurait frappé la noble famille d’Otrante…

Le livre connaît un tel succès que le véritable auteur de ce texte est bientôt forcé de se dévoiler : il s’agit d’Horace Walpole, homme de lettres un peu fantasque, surtout connu pour avoir fait construire Strawberry Hill, un château inspiré des vénérables ruines gothiques qui parsèment l’Angleterre. Mais alors, pourquoi un tel canular ? Pour prouver au public que l’on pouvait encore écrire à la manière de Shakespeare ; mais peut-être surtout pour peupler Strawberry Hill de fantômes qui lui donneraient enfin une âme.

Le Château d’Otrante, devenu un classique, est le premier de tout un genre qu’on appellera, après lui, le roman gothique. Matthew Lewis, Anne Radcliffe, Clara Reeves, Charles Maturin ou encore Mary Shelley lui doivent beaucoup – et jusqu’à J.K. Rowling, qui se souviendra des tableaux vivants qui n’hésitent pas à sortir de leur cadre… Grâce à Walpole, ou à cause de lui, le terrible, le sublime, le fantastique, le gloomy ne quitteront plus la littérature anglaise pendant plus d’un siècle.

Traduction : Julien Chane-Alune, avec son aimable autorisation.

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Remarques :

NB: Le chapitre 00 contient la préface à la première édition (1764) et la dédicace.  Nous avons choisi de placer la préface à la seconde édition (1765) à la fin (chapitre 06).

Illustration :

Edward Edwards, Garden Gate of Strawberry Hill (1774).

Références musicales :

Camille Saint-Saëns, Danse Macabre, interprétée par Christoph Zbinden (arrangement pour deux pianos, licence Cc-By-3.0).

Licence d'utilisation : CC BY-NC-ND : Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification
Livre audio gratuit ajouté le 18/09/2022.

28 Commentaires

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  1. 7h 35 chez vous… PAULINE P. … Bonjour …
    Courte préface… certes… mais quintessentielle.. très belle… merci de l ‘ avoir rajoutée…
    ( pendant toute une période… ELUARD m’ a enivré… C ‘ était dans mes 30 ans… plus jeune même…
    ” Poesie ininterrompue “… Puis je l’ ai quitté et n ‘ y suis jamais revenu… )…
    Belle journée en votre ile… en vos îles…

    … envie de réécouter votre lecture… encore fraîche dans ma mémoire…

      1. PAULINE P. … Bonjour…

        À tout hasard… ca pourra vous interesser autant que moi…
        ” Gallimard ” vient de publier…
        ” Mary ” de Anne Eeckhout…
        En 400 pages … une evocation de Mary SHELLEY… dont les quelques critiques que j ‘ ai lues… me donnent grande envie de le lire…
        Du coup… me vient à l’ esprit… le livre de Joseph O ‘ CONNOR… ” Le bal des ombres “… une tres belle evocation de Bram STOKER… que je vous recommande…

        Cordial salut…

    1. Bonjour Sautillant et merci pour vos réponses et vos conseils ! J’aime aussi beaucoup certains textes d’Eluard, et j’en lirai, à coup sûr, dans les mois qui viennent…

  2. Bonjour Pauline, je ne connais pas Walpole. En revanche, je connais et aime profondément toute l’oeuvre de Gracq et suis heureux d’apprendre que vous êtes du fan-club. J’ai même tenté, en son temps, une danse du ventre auprès des Editions Corti pour être autorisé à le lire ici. En vain, malheureusement. Vous devriez essayer… je vous sens plus habile et mieux dotée que moi pour cet exercice ! Je serais très honorée si, en cas de succès, vous aviez la bonté de me réserver un petit rôle dans votre super-production. Cordialement, Jean-Pierre

    1. Les livres de Gracq ont déjà leur version audio commercialisée avec la voix d’illustres lecteurs… Je suis flattée par les pouvoirs quasi surnaturels que vous me prêtez – hélas, cher Jean-Pierre, les Editions Corti sont pour moi une citadelle tout aussi imprenable que pour vous, je le crains…

      1. Certes la citadelle est solide, mais non insensible. Une de nos collègues qui se présentait à pied au fossé, a même vu le pont-levis s’abaisser aimablement devant elle. Pas belle la vie ?

  3. PAULINE P.
    Je viens d ‘ y aller d’ un assez long commentaire… que je n ‘ ai pu envoyer… Encore ce bug de la touche d’ envoi qui n ‘ apparait pas ! Je crois que je ne vais plus me risquer à aucun commentaire… Je suis bien patient… mais trop c’ est trop !
    En un mot… j ‘ étais des plus elogieux…
    Mon bien cordial salut…

    1. PAULINE P. Bonjour !

      Zig zig et zig… Zig zig et zag…
      Le refrain du poème qui a inspiré à SAINT-SAENS… ” La danse macabre “… qu ‘ une… ” géniale ” inspiration… vous a fait choisir comme illustration musicale … en tête de chaque chapitre…
      dit tout ! Pour le reste… dans ses deux préfaces… dont vous avez placé la première en tête… et la seconde en queue… de votre lecture… là aussi… un choix que je partage entièrement… l ‘ auteur s’ explique … on ne peut plus clairement sur ses intentions…
      Du théâtre… oui… au point que dans plusieurs passages… choix délibéré du traducteur qui vous a fait l ‘ amitié d’ utiliser son travail ?… on entend… le plus naturellement du monde … des alexandrins !
      Du théâtre dramatique… mâtiné de bouffonnerie… nous dit-il… convaincu que son ” dramatique ” l ‘ est vraiment… Hum… De son temps… il se peut… mais pour un lecteur d’ aujourd ‘ hui… le côté ” bouffon ” de l’ histoire prend le pas sur le côté ” tragique ” … Du moins le reçois-je ainsi… et vous de même… à ce qu ‘ il semble… Votre lecture vive et alerte… presque à la manière d’ un conte… en donne du moins l ‘ impression… Il faudra attendre… les gothiques… pour baigner dans des atmosphères plus noires… ” Le moine ” de LEWIS … sera même pour beaucoup dans la creation du ” théâtre de la cruauté ” enfanté par Antonin ARTAUD…
      Cerise sur le gâteau pour bibi… l ‘ egratignement … dans un gant de velours… de VOLTAIRE par WALPOLE… dans sa seconde préface… VOLTAIRE m’ est des plus antipathiques… pretentieux hypocrite et méchant… et ça m ‘ a fait plaisir de le voir ainsi remis en place …
      Avec toutes mes félicitations et mes remerciements…
      mon bien cordial salut…

      1. Ps… Ma troisième tentative… une seconde a eu le même sort que la première… aura été la bonne !
        Je profite de mon evocation de ” Le moine “… pour saluer FLORENT… un de mes ddv chouchous… qui en a fait une lecture que je me promets d ‘ écouter sous peu…

    2. Un grand merci, cher Sautillant, pour votre écoute attentive et avertie ! Le traducteur me disait justement que Voltaire, piqué par cette épigramme, était en grande partie responsable du fait que cette oeuvre n’ait pas été traduite et publiée en France comme elle aurait dû l’être, et qu’elle soit donc restée très longtemps dans l’obscurité, en fait jusqu’à ce que les surréalistes la dénichent. Eluard en a fait une préface, et Julien Gracq s’y réfère dans sa préface du château d’Argol…

      1. … l ‘ autre jour… une epigramme piqua VOLTAIRE… Que croyez-vous qu’ il arriva ?… 🤭…
        Mais… mais… BRRR… un revenant !!! J. P. B.!!! 👻👻👻 !!!

      2. Ps…

        GRACQ tombe des mains de votre correspondant… qui décidément n ‘ a aucun point commun avec un célèbre gouteur d’ ortolans ! Quant au surréalisme… pour lui… votre correspondant… il n ‘ y en a qu’ un… ANDRÉ BRETON… lui que votre île charma…
        Qu ‘ il ait voulu… le surréalisme… comme c’ est bizarre…

      3. Gracq est l’un de mes auteurs préférés. Mais son saisissant château d’Argol ne ressemble pas vraiment à celui d’Otrante : plus de style, plus de descriptions, moins de dialogues et moins d’humour, sans doute…

  4. Merci Pauline, j’avais déjà lu ce roman il y a longtemps (dans les “Romans Terrifiants” de la collection Bouquins), mais je l’ai redécouvert, notamment grâce au dynamisme de ta diction. J’aime beaucoup aussi ton interprétation de Manfred.
    Spectres, portraits vivants, chausses-trappes et passages secrets, il s’en passe des choses au château d’Otrante !
    Merci également au traducteur pour son sens du partage !

    1. Merci beaucoup Vincent ! Le livre, en plus d’être gothique, est par moments très drôle – il n’oublie pas d’être anglais – et je me suis bien amusée à le lire.

  5. Ce roman et votre lecture m’ont captivé dès les premiers mots. Vous êtes vraiment une fabuleuse lectrice ! Merci infiniment pour cette superbe découverte dont je recommande vivement l’écoute.

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